Présentation du colloque
Le colloque L'imaginaire au prisme des disciplines culturelles, organisé par Mathieu Simard, Isabelle Kirouac Massicotte, Véronique Cnockaert et Jean-François Chassay, s'est tenu les 25 et 26 août 2016 à l'Université du Québec à Montréal.
Dans une perspective archétypologique, l’imaginaire est universel: les êtres humains partagent un même imaginaire dont les formes spécifiques peuvent varier selon les cultures. Nous pensons cependant qu’il y a non pas un mais une multiplicité d’imaginaires radicalement différents selon les contextes et les disciplines dont ils proviennent. Cette hypothèse est supportée notamment par la Nouvelle histoire française (Le Goff, Nora), la philosophie (Castoriadis) et la sociocritique (Popovic). Les imaginaires émergent de systèmes sémiotiques variés, du texte littéraire au cinéma en passant par l’art visuel, la vidéo numérique ou encore la représentation théâtrale. Ce sont ces sémiotisations singulières des imaginaires qui seront au cœur de ce colloque. Il s’agira, en somme, de comparer les différentes disciplines culturelles afin de faire ressortir leurs modes de sémiotisation spécifiques de la réalité et donc la manière dont ils en tirent des images. Cette étude, croyons-nous, devrait s’effectuer en portant une attention particulière aux contextes desquels se dégagent les produits culturels, de manière à insister sur la singularité plutôt que sur l’universalité des images et, plus généralement, des imaginaires dont elles font partie.
Au cours des XIXe et XXe siècles, plusieurs chercheurs, dont Jung, Eliade, Bachelard et Durand, ont proposé un modèle homogénéisant de l’imaginaire. Alors que Jung et Eliade mettent de l’avant un imaginaire formé par les mythes qui seraient aux fondements de la société, Gaston Bachelard cherche à retracer la valeur d’origine d’images poétiques et Gilbert Durand effectue un groupement de symboles à vocation universelle. Ces approches, basées sur des archétypes, s’intéressent donc à l’en-deçà de l’image (Chelebourg, 80). Sans complètement éliminer ces conceptualisations, nous souhaitons, dans ce colloque, prioriser l’au-delà de l’image, c’est-à-dire autant les contextes langagiers, culturels et politiques que les disciplines culturelles qui président à sa construction.
Programme du colloque
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Séance: Sémiotisations de la réalité
Riccardo BARONTINI. «Problématiser l’universalisme imaginatif: chassé-croisé Bachelard/Caillois»
Bertrand GERVAIS. «Chet Baker est une figure. L'art de penser d'Enrique Vila-Matas entre fiction critique et espace figural»
Anne-Sophie DONNARIEIX. «La littérature aux prises avec le réel: imaginaires de l’hybride selon Christian Garcin et Antoine Volodine»
Hélène HEYRAUD. «La femme symboliste: une enclave au réel?»
Séance: Histoire et imaginaire
Lucie ROY. «L’imaginaire de l’Histoire et les histoires imaginaires»
Alex GAGNON. «L’imaginaire social, objet de l’histoire culturelle: usages, portée et valeur d’un concept»
Miruna CRACIUNESCU. «La réactivation d’un imaginaire de la sorcellerie dans L’Œuvre au Noir de Marguerite Yourcenar»
Séance: L’imaginaire des genres littéraires
Mathieu SIMARD. «Ce que poétiser veut dire»
Pierre POPOVIC. «Pourquoi y a-t-il du roman, et non pas rien? Imaginaire social et sociocritique des textes»
Jolianne BOURGEOIS. «Le roman n’est pas sorti de la cuisse de Jupiter: imaginaires du commencement dans quelques essais sur le roman»
Séance: Espaces imaginaires et imaginés
Rachel BOUVET. «Lecture et imaginaire au prisme de la géopoétique»
Élise LEPAGE. «Imaginaire de la petite ville dans la fiction québécoise contemporaine»
Mariève MARÉCHALE. «Les échos montréalais: plaidoyer pour une ville real-and-imagined»
Séance: Les imaginaires modernes et contemporains
Maxime PREVOST. «La Survie de La Planète des singes: du roman au mythe moderne»
Jean-François CHASSAY. «Des technologies et du corps à l’ère des réseaux: Zero K de Don DeLillo»
Amandine DAVRE. «L’imaginaire du nucléaire dans l’art contemporain japonais: la hantise du champignon atomique»
Alain AYOTTE. «Devant le plaisir des autres: historiographie et pornographie des imaginaires sexuels en histoire de l’art» [Communication non disponible]
Organisation du colloque
Jean-François Chassay est chercheur régulier à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Professeur au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal depuis 1991, Jean-François Chassay a publié une vingtaine de livres (romans, essais, anthologies, actes de colloque). En 2002, il remportait le Grand prix d’excellence en recherche décerné par le réseau de l’Université du Québec. Il a été membre de la rédaction puis codirecteur de Spirale (1984-1992), puis directeur (1998-2001) de Voix et Images. Il a tenu régulièrement, de 1986 à 2004, des chroniques littéraires à la radio de Radio-Canada (En toutes lettres, Fictions, Littérature actuelle, Le temps perdu, Paysages littéraires, midi culture, Indicatif présent…) et récemment à Plus on est de fous, plus on lit. Dernier ouvrage publié: Au cœur du sujet. Imaginaire du gène (Montréal, Le Quartanier, 2013).
Véronique Cnockaert est directrice de FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Elle est professeure au Département d’Études littéraires de l’Université du Québec à Montréal et co-fondatrice du LEAL (UQAM/Figura). Spécialiste de l’œuvre de Zola et du Naturalisme, elle a commenté Au Bonheur des Dames, dans la collection Foliothèque chez Gallimard en 2007, elle a publié Émile Zola. Les Inachevés. Une poétique de l’adolescence aux Éditions XYZ / Presses universitaires de Vincennes en 2003; elle a aussi dirigé les Actes du colloque Émile Zola. Mémoire et Sensations aux Éditions XYZ en 2008. Elle s’intéresse également aux rapports entre littérature et anthropologie. Elle a publié en collaboration avec Marie Scarpa et Jean-Marie Privat (univ. Paul-Verlaine de Metz) Anthologie de l’ethnocritique (Presses universitaires de Québec, collection «Approches de l’imaginaire», sous la dir. de Rachel Bouvet & Bertrand Gervais, 2011).
Isabelle Kirouac Massicotte est étudiante à l'Université d'Ottawa. Elle s'intéresse au littératures franco-ontariennes.
Mathieu Simard travaille présentement sur une thèse à l'Université d'Ottawa portant sur les représentations discursives de la poésie, du roman et du théâtre en littérature franco-canadienne contemporaine.
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Programme du colloque | 1.31 Mo |
L’imaginaire du nucléaire dans l’art contemporain japonais: la hantise du champignon atomiqueL’imaginaire du nucléaire nait de l’image du champignon atomique. C’est ce dernier qui préfigure l’ère atomique et c’est de lui que découlent les autres imaginaires du nucléaire (post-apocalyptique, mutations génétiques, etc.). Ces imaginaires se sont formés en réponse à l’apparition du champignon atomique dans la culture visuelle. |
Des technologies et du corps à l'ère des réseaux: «Zero K» de Don DeLilloUn écrivain peut-il traduire un imaginaire national? Une oeuvre peut-elle rendre compte à travers la fiction des enjeux culturels, idéologiques, politiques d’une nation, avec nécessairement ses contradictions? |
La Survie de «La Planète des singes»: du roman au mythe moderneLe mythe révèle écrivait Pierre Brunel. Il constitue l'objectivation de l'expérience sociale de l'humanité selon Ernst Cassirer. |
Les échos montréalais: plaidoyer pour une ville «real-and-imagined»Les tiers espaces assemblent des opposés, amalgament des contraires. Ils leur permettent de s'exprimer selon d'autres liens. Ce sont les installations du mouvement Occupy dans les lieux publics, c'est l'espace périurbain en France, c'est le réalisme magique dans la littérature c'est aussi l'entre-deux agissant, une hybridité active, une ambivalence signifiance. |
Imaginaire de la petite ville dans la fiction québécoise contemporaineLes petites villes d'Amérique sont ouvertes à tous les vents. Leur caractère improvisé et composite ne traduit aucunement une originalité bariolée et créative, mais plutôt une précarité générale de la culture et de l'habitation de l'espace dans le Nouveau Monde. |
Lecture et imaginaire au prisme de la géopoétiqueL'imaginaire du lecteur est lié à un ancrage géographique, à une manière singulière de se situer dans le monde pour établir des liens entre les lieux et les cultures. |
«Le roman n’est pas sorti de la cuisse de Jupiter»: imaginaires du commencement dans quelques essais sur le romanLes genres littéraires sont des produits artistiques dont l'origine historique est des plus obscures, affirme Karl Viétor dans un article de 1931 traduit de l'allemand et intitulé L'histoire des genres littéraires. |
Pourquoi y a-t-il du roman, et non pas rien? Imaginaire social et sociocritique des textesOuvrant sa communication sur ce qu’il nomme une expérience socio-sémiotique anticipative de la politique actuelle française, Pierre Popovic propose une analyse sociocritique et sémiotique du roman de Bartelt Franz intitulé Le costume (1998), une courte oeuvre hantée par les fantômes du chômage et de la statistique. |
Ce que poétiser veut direLe titre de cette communication est calqué sur celui du célèbre ouvrage de Pierre Bourdieu, Ce que parler veut dire. Comme tout bon calque, il s'inspire davantage de la lettre que de l'esprit. Donc aujourd'hui, pas de sociologie, pas de marché symbolique, pas de grandes révélations non plus sur ce que voudrait réellement dire poétiser, c'est-à-dire écrire de la poésie. Je vais plutôt m'intéresser aux représentations discursives du genre poétique, aux caractéristiques formelles, thématiques, sociales, affectives ou encore idéologiques qui lui sont associées dans le discours. |
La réactivation d’un imaginaire de la sorcellerie dans «L’Œuvre au Noir» de Marguerite YourcenarAuteure d’une oeuvre abondante et extraordinairement variée, comme en témoigne la liste de ses commentateurs, Marguerite Yourcenar demeure aujourd’hui surtout connue pour ses deux premiers romans historiques, soit les Mémoires d’Hadrien, paru en 1951, et L’Oeuvre au Noir, publié en 1968. |
L’imaginaire social, objet de l’histoire culturelle: usages, portée et valeur d’un conceptLors de cette communication, Alex Gagnon propose une synthèse essentiellement théorique autour du concept d’imaginaire social, du point de vue de l’histoire culturelle, perspective qui n’en exclut pas d’autres, mais qui est celle dans laquelle s’inscrivent les réflexions menées par A. Gagnon. |
L’imaginaire de l’Histoire et les histoires imaginairesIl peut paraître hasardeux de mettre en rapport l’imaginaire et l’Histoire et de le faire en associant cette dernière aux histoires imaginaires. |
La femme symboliste: une enclave au réel?Cette communication s’intéresse principalement aux peintres symbolistes francophones qui sont des producteurs d’images imaginées dans leur rapport à la femme réelle et à la femme représentée. Évoluant dans le contexte historique et artistique de la fin du XIXe siècle, ces artistes sont influencés par le paradigme dominant de l’époque. |
La littérature aux prises avec le réel: imaginaires de l’hybride selon Christian Garcin et Antoine VolodineC'est en considérant l'activité littéraire comme mise en forme textuelle du processus d'imagination que j'aimerais parler de deux romans français contemporains qui, en utilisant les ressources du surnaturel, construisent un univers fictionnel qui joue sur la mise en scène du réel et de l'irréel. J'utilise ici le terme de réel dans sa définition comme élément hors du texte, qui précède le texte, et non pas comme élément fictionnel de nature réaliste. |
Chet Baker est une figure. L'art de penser d'Enrique Vila-Matas entre fiction critique et espace figuralDans sa fiction critique, Chet Baker pense à son art, l'écrivain catalan Enrique Vila-Matas oppose deux textes: Finnigans Wake de James Joyce, marqué par une importante expérimentation langagière, et Les fiançailles de M. Hire de Georges Simenon, quant à lui d'une grande habilité narrative. |
Problématiser l’universalisme imaginatif: chassé-croisé Bachelard/CailloisJe vais essayer de restreindre mon champ d'enquête en énonçant cinq prémisses afin d'expliquer dans quelle optique et avec quels instruments je vais aborder la question de l'universalisme imaginatif. |