Présentation de la journée d'étude
La journée d'étude «Le théâtre contemporain au tribunal. L'affaire Golgotha picnic», organisée par Mathilde Barraband, s'est déroulée le 13 mai 2019 à l'Université du Québec à Montréal.
En 2011, la programmation de la pièce Golgotha picnic dans deux théâtres français a déclenché la colère de groupes traditionnalistes catholiques qui ont tenté par tous les moyens d’en faire empêcher les représentations. La mobilisation a pris la forme de manifestations, d’interventions dans les médias, de lobbying, mais aussi d’une série d’actions judiciaires qui n’ont pris fin qu’en Cour de cassation en novembre 2017. Cette incroyable saga dans un pays supposé incarner la liberté d’expression et la laïcité est éminemment révélatrice des conflits de normes qui le divisent, entre lois temporelles et intemporelles, entre règles de l’art et règles de droit.
«L’affaire Golgotha picnic» a occupé au cours des trois dernières années une équipe de chercheur.e.s en droit, lettres et linguistique, qui a cherché à mettre au jour les déterminations et les rouages de ce procès, qui s’est tenu dans l’espace public comme au tribunal, et qui a fait apparaître des conceptions souvent radicalement opposées de l’art, de l’humour, de la fiction ou encore des libertés individuelles. Cette journée d’études sera l’occasion pour l’équipe «L’art en procès» d’exposer pour la première fois les résultats de cette enquête collective.
Programme de la journée d'étude
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Mot de bienvenue de l'organisation
Conférence inaugurale
- Pierre Rainville. «La profanation de la religion: le dilemme du droit pénal entre culte et culture»
Séance - Une polémique sur l’art
- Anna Arzoumanov et Marie-Odile Richard. «Golgotha picnic dans la presse: du débat esthétique à la polémique religieuse»,
- Geneviève Bernard Barbeau, Marty Laforest et Jessica Rioux-Turcotte. «La réception citoyenne de Golgotha picnic: de l’art et de la religion»
Séance - La répression de l’art
- Mathilde Barraband. «Les traditionnalistes au tribunal. Comment retourner les droits de l’homme contre eux-mêmes»
- Anna Arzoumanov. «La fiction: une catégorie opératoire pour défendre l’art?»
- Arnaud Latil. «Exprimer, provoquer ou exhorter. L’affaire Golgotha picnic à la lumière de la mutation du délit de provocation à la haine»
Pour consulter les autres projets réalisés par le groupe de recherche franco-québécois L'art en procès, cliquez ici.
La réception citoyenne de «Golgotha picnic»: de l’art et de la religion«Golgotha picnic a fait l'objet d'une importante controverse dans les sphères politiques, religieuses, médiatiques et journalistiques, mais la pièce a aussi suscité d'importantes réactions dans la population, qu'ils s'agissent d'applaudissements ou de reproches. Les citoyens ont pris la parole dans l'espace publique, entre autres, dans les commentaires à la suite d'articles journalistiques pour partager leur point de vue sur la pièce, qu'ils l'aient vue ou non. |
Exprimer, provoquer ou exhorter. L’affaire «Golgotha picnic» à la lumière de la mutation du délit de provocation à la haine«La censure a changé de camp. Longtemps apanage des États, elle semble dorénavant se trouver à la portée de tous.» En visitant, entre autres, l'affaire Golgotha picnic, le participant expose une pratique de plus en plus courante dans l'espace public : «le militantisme des procureurs d'opinions». |
La fiction: une catégorie opératoire pour défendre l’art?«Faut-il protéger davantage la création que les autres formes d'expression? Si oui, comment défend-t-on l'art autrement que par l'argument de l'exception artistique? Cet argument part du présupposé qu'il faut appréhender l'oeuvre d'art, et en particulier l'oeuvre littéraire, avec des catégories de réception distinctes des autres formes d'expression. On se heurte alors à la question insoluble de la définition de l'art et de ses limites. |
Les traditionalistes au tribunal. Comment retourner les droits de l’homme contre eux-mêmes«Ce sont principalement deux associations catholiques traditionnalistes qui ont mené la campagne contre Golgotha picnic. Il s'agit de l'Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l'Identité Française et chrétienne (AGRIF), présidée par Bernard Antony, représentant de l'aile catholique du Front National, et de l'institut Civitas, mené par Alain Escada. L'AGRIF porte la bataille des tribunaux tandis que Civitas s'occupe de l'opinion publique, c'est-à-dire qu'elle mobile, organise des manifestations, des prières de rue, des pétitions, etc. |
«Golgotha picnic» dans la presse: du débat esthétique à la polémique religieuseLes participantes ont travaillé à partir des articles qui font écho à la polémique entourant la représentation de la pièce Golgotha picnic et qui ont contribué à la nourrir. Elles identifieront «les trois principaux types d'arguments qui sont mobilisés pour arbitrer la polémique» et il s'agira également des trois angles qui constitueront leur présentation. Tout d'abord, elles aborderont «les arguments qui portent sur le caractère de la pièce potentiellement blasphématoire, voir chirstianophobe». |
La profanation de la religion: le dilemme du droit pénal entre culte et cultureLe participant remarque plusieurs paradoxes dans la présente journée d'étude. «Le premier paradoxe consiste a envisagé la répression de l'art, alors même que l'art est une forme d'expression qui semble, au contraire, s'affranchir naturellement des contraintes. Le deuxième paradoxe consiste à étudier une oeuvre théâtrale blasphématoire et à se pencher sur son sort judiciaire dans un pays qui ne connait pourtant pas d'infraction de blasphème. |