traduction

Tolérance ou intolérance dans les manuels de français langue non maternelle. Exemple: la dernière année du lycée italien

Ma recherche se base sur les manuels scolaires de français en Italie et remet en cause tout un système scolaire et politique linguistique. J’aurais pu vous parler aujourd’hui de cette politique linguistique italienne peu claire, pour laisser l’espace aux dialectes italiens et aux langues minoritaires présentes sur ce territoire, ou encore de quelle image de la France est représentée dans les manuels de première année de lycée.

Sade, pornographe

Selon l’opinion, un bon écrivain c’est quelqu’un qui a quelque chose à dire et qui le dit bien. Alain Robbe-Grillet —grand sadien s’il en est— a proposé, sous l’apparence d’un paradoxe facétieux mais qui se révèle fort juste, de «définir» l’écrivain comme quelqu’un qui n’a rien à dire et qui le dit mal. Partir du principe qu’un écrivain doit avoir quelque chose à dire, un message profond à faire passer, cela revient à considérer son écriture comme simple acte de communication, alors qu’elle ne peut être qu’une construction, une création.

Équivalences érotiques. Apollinaire traduit, Apollinaire traducteur

L'étude de la matière érotique permet d’envisager la traductologie sous un angle tout à fait original, comparé à l’appareil herméneutique habituellement utilisé dans le domaine de la traductologie littéraire. Ces deux disciplines demeurent jusqu’ici tributaires des réflexes de la traduction philosophique, essentiellement structurée par l’attention qu’elle porte à la notion de référent. De même, la traductologie plus particulièrement consacrée au domaine esthétique et poétique s’attache bien naturellement à maintenir un difficile équilibre entre l’équivalence signifiante d’une traduction vis- à-vis du texte original, et une relative isomorphie du style du premier auteur (pour employer la terminologie de Paul Ricœur).

De «Passion simple» à «Se perdre», de «Passion simple» à «Pudhas intohimo»

«Se perdre» d’Annie Ernaux, publié en 2001, est le journal réel d’une passion amoureuse, celle qui avait inspiré le récit autobiographique «Passion simple». Le journal intime de «vérité crue» est ainsi à la base du récit paru lui en 1991. Le récit «Passion simple» a lui-même été traduit en finnois sous le titre «Puhdas intohimo» en 1996, titre que l’on pourrait traduire en français par «passion propre», propre dans le sens où il s’agirait dans le livre d’évoquer seulement la passion amoureuse, pure et exempte de tout autre sentiment. Notre objectif est de voir comment le journal décrit la passion amoureuse, comment le récit retravaille celle-ci et, enfin, comment la traduction en finnois la rééclaire dans une autre langue et une autre culture.

Demoiselle en détresse. Le modèle érotique préféré de la culture populaire hébraïque

Examiner la trajectoire des modèles érotiques les plus prisés dans la littérature populaire, y compris les romans de gare, d’une culture qui, pour des raisons exposées par ailleurs, a agrémenté l’image du «sabra puritain» donne un point de vue privilégié tant sur la littérature de grande diffusion (mainstream) que sur la littérature subversive. Le principal objectif du présent article consiste à examiner l’apport de trois manifestations du modèle de la demoiselle en détresse à la littérature populaire israélienne des années 1940 à la fin des années 1960.

La traduction de l'éros arabe entre thème et version, corps culturel et corps textuel. L'épitre d'Al-Jahïz, «Éphèbes et courtisanes»

La traduction est la forme la plus insidieuse du dialogue des civilisations. Sa tâche en tant que médiation entre langues et cultures intrinsèquement différentes doit négocier un sens pertinent tenant compte de la spécificité de deux blocs monolithiques, de manière à signifier sans trahir la langue de départ ni brader pour autant la langue d’arrivée. Cependant, au-delà de sa dimension fonctionnelle, elle est appelée à tirer profit de son messianisme, celui d’unir les hommes à partir de ce qui les sépare. Cette utopie de resserrer les deux rives doit surveiller constamment cette différence, veiller sur elle, loin du dessein pervers de l’abolir, afin d’éveiller dans la langue d’arrivée la présence de ce qu’il y a d’insubstituable dans l’autre.

L'érotique en série noire. Sexualité masculine et non-violence

En marge des récits spécifiquement érotiques, toute une classe de textes effleure la représentation érotique du corps, en particulier les romans policiers de la Série Noire. Or il semble que Marcel Duhamel, le fondateur de la Série Noire, ait très tôt eu des réticences vis-à-vis de la sexualité explicite, du discours direct relatif au corps jouissant. Et on est quelque peu étonné à la lecture des romans traduits de l’anglo-américain après-guerre de l’hypersexualisation subreptice du texte du roman noir. Cette hypersexualisation passe par des personnages de jeunes hommes et de jeunes femmes qui sont des modèles de séduction et ne semblent être là que pour éveiller les désirs de ces mêmes protagonistes entre eux.

La traduction fictive en tant qu'élément érotique dans le roman «Elles ne se rendent pas compte» de Boris Vian

En 1950, le court roman «Elles se rendent pas compte» parut en France, annoncé comme la traduction du quatrième roman de Vernon Sullivan, auteur afro-américain dont l’œuvre était trop controversée pour être publiée dans son propre pays. Le texte présente une version subversive du roman noir: le secours d’un jeune mondain qui se frotte à des personnages douteux dans un univers où l’homosexualité, le travestisme, et la supercherie des sexes soustendent les nombreuses aventures sexuelles des protagonistes.

Traduire pour faire jouir

Si «les traducteurs ont des pudeurs que les auteurs ne connaissent pas», c’est peut-être parce qu’ils pressentent l’inquiétante force des mots. C’est pourtant cette force qu’il faut rendre lorsqu’il s’agit de traduire un texte érotique, dont la fonction avouée est d’exciter le lecteur. Il n’est pas simplement question de traduire les mots, mais aussi la manière d’être des mots dans le langage. Et on se rend compte pour chaque type de texte, qu’il s’agisse d’un récit érotique, d’un texte humoristique ou d’un roman d’action, qu’il y a une efficacité de moyens.

Présentation

Le présent collectif réunit des textes qui explorent les représentations contemporaines de l’érotisme littéraire en traduction. La traduction y est envisagée comme l’activité ardue et parfois compromettante consistant à faire passer la chose érotique entre les langues —en l’occurrence le français, l’anglais, l’arabe, l’italien, l’hébreu, le yiddish et le finnois— et entre les imaginaires culturels. Mais on se rend compte que ce passage des valeurs du texte érotique source est tout sauf évident, puisqu’il implique l’organisation de celles-ci en vue du contexte cible.
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