contemporain

Conférence

Université du Québec à Montréal

Théâtre et mutations de l'écrit

Bauchard, Franck
Il peut être éclairant, pour qui veut prendre la mesure des mutations en cours de la pratique théâtrale, de comparer comment le théâtre s’immerge aujourd’hui dans l’environnement numérique à la manière dont autrefois il s’est modelé sur l’environnement produit par l’imprimé.

Des ailes inutiles

Œuvre référencée: Jauffret, Régis. (2012) «Claustria». Si Jauffret a le mérite d'aborder de front la négativité de l'existence contemporaine, ses façons de faire peuvent laisser perplexe. Il a développé une voix narrative qui lui est propre, une vision du monde désacralisante qui donne souvent l'impression que les relations humaines se réduisent à une mécanique égoïste.

L'Estonie à la première personne

Œuvre référencée: Millet, Richard. (2011) «Eesti. Notes sur l'Estonie». C’est cette Estonie mystérieuse et étonnante que je retrouve dans «Eesti. Notes sur l’Estonie» de Richard Millet. Ce petit ouvrage se lit comme on écoute l’«Aliinale» de Pärt: lentement, en respectant les blancs —qui sont d’ailleurs nombreux.

Des vertus de la rumination

Œuvre référencée: Bock, Raymond. (2011) «Atavismes». Il y a une vitalité dans la fiction de Bock qui s’écarte d’un discours de rejet, de répudiation du «destin» québécois. Même si on suit tout au long d’«Atavismes» «l’homme typique, errant, exorbité» d’Aquin, «fatigué de son identité atavique et condamné à elle», il y a chez ce sujet la soif de traquer partout les traces de son histoire, une histoire ancrée dans la mémoire du corps.

La beauté bousculée

Œuvre référencée: Beauregard D., Virginie. (2010) «Les heures se trompent de but». Dans un monde saturé d'images, de matériel, de gens, où il y a à peine de place pour soi, la subjectivité demeure une matière précaire. Bien sûr, la poésie procède toujours d'une expression du «je», mais l’écriture de Virginie Beauregard D. dans «Les heures se trompent de but», comme un grand pan de la poésie contemporaine, montre que cette prise de parole ne peut plus s'effectuer à huis clos, même s'il se produit un retour du sujet.

Comme un long striptease

Œuvre référencée: Beigbeder, Frédéric. (2011) «Premier bilan après l'apocalypse». Il est possible d’aborder «Premier bilan après l'apocalypse» par ce qu’il dit de Beigbeder et, par extension, par ce qu’il dit de la littérature, notamment d’une certaine littérature contemporaine. «Premier bilan après l’apocalypse», c’est un long striptease pendant lequel on en apprend tout autant sur Beigbeder que sur les romans qu’il a choisi de faire figurer dans ce grand palmarès.

Déprime profonde

Œuvre référencée: Zviane. (2010) «Apnée». Aborder le thème de la maladie mentale dans une œuvre d’art est un choix périlleux, parce que cette décision entraîne dans son sillage un paradoxe: traiter d’une affliction mentale par le spectre étroit du rationalisme est sans doute une approche juste eu égard aux implications médicales du sujet abordé, mais peut laisser de côté les aspects émotifs très pénibles corollaires à cette condition. En revanche, la représentation des aléas d’un esprit atteint par le figuré et le symbolique parvient à restituer de manière plus frappante et émouvante l’épreuve que constitue un épisode de maladie mentale.

Le visage de l'histoire

Œuvre référencée: Mavrikakis, Catherine. (2011) «Les derniers jours de Smokey Nelson». Si le Raskolnikov de Dostoïevski, dans «Crime et châtiment», représente le meurtrier qui par son crime et par la conscience de la culpabilité qui en découle réussit à communier, dans le repentir, avec la communauté humaine universelle, si la Thérèse Raquin de Zola représente au contraire celle dont le crime comme la déchéance qui en découle reconduisent la destruction de cette même communauté, Smokey Nelson, pour sa part, est le meurtrier séparé de son crime et sans rapport avec celui-ci, la possibilité d'un tel rapport lui ayant été confisquée.
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