XIXe siècle

Mise en fiction du luxe et critique de l’économie autour de 1900

En 1857, Flaubert décrit avec Emma Bovary un personnage qui est peut être la première acheteuse compulsive de l’histoire littéraire. Pour Emma, les objets ne cessent d’offrir des promesses toujours neuves, de grands vases de verre bleu à mettre sur la cheminée, un prie-Dieu gothique, de petites pantoufles de couleur grenat avec une touffe de ruban large qui s’étale sur le coup de pied, un foulard de soie algérienne pailleté d’or, même un mobilier de salle à manger entre-aperçu chez le notaire alors qu’Emma est presque ruinée et court après l’argent.

Du traité d’économie politique au roman: la révolution stendhalienne

Le domaine économique introduit dans le roman stendhalien des facteurs qui le font dévier de schémas conventionnels, facteurs que le roman n’intègre d’abord que de manière tangentielle ou oblique. Avant de procéder à l’analyse des rapports entre roman et économie, de la révolution que celle-ci apporte au genre, de la difficulté qu’elle engendre pour Stendhal, on peut rappeler ce qui dans le parcours de l’auteur lui a facilité une perspective innovatrice.

De la physiocratie au capitalisme colonial. Balzac et les théories économiques au XIXe siècle

L’exposé sera séparé en deux parties. Dans la première, je me poserai la question suivante: quels sont les principaux discours économiques qui apparaissent dans l’œuvre de Balzac, quels sont les doctrines que Balzac repère, quelles sont les doctrines que Balzac approuve ou désapprouve dans son œuvre, que dit Balzac des grandes innovations économiques qui apparaissent avant, pendant et après la révolution française? Dans un deuxième temps je me poserai la question, plus littéraire, à savoir comment la forme du roman représente ces discours?

De la mécanique économique à la dynamique fantasmatique: le personnel féminin des Rougon-Macquart à l’épreuve de la modernité capitaliste

Dans un essai sur la condition féminine dans l’œuvre d’Émile Zola, Anna Krakowski observe que le génie de l’écrivain se prête spontanément aux études de micro-sociologie ayant pour fin d’explorer l’image véridique des maux sociaux et d’indiquer la direction des transformations a envisager.

De quelques modèles économiques de la piraterie: de la chasse partie à la chasse au trésor

Depuis son âge d’or à la fin du 17e siècle, la piraterie a été figurée à travers une pluralité de représentations si bien que l’histoire de sa réception à long terme se déploie en une étonnante constellation. Corsaires, flibustiers et pirates des 17e et 18e siècle inspirent d’abord une vague de romans maritimes et historiques dans la première moitié du 19e siècle avant de surgir dans les premiers romans et illustrations des premiers romans jeunesse.

La fête de la consommation

Durant les semaines d’été, les rues de Montréal sont littéralement envahies par les «ventes de trottoir». À perte de vue sur Mont-Royal, sur Saint-Laurent, sur Sainte-Catherine, les badauds innombrables circulent le long des étalages et sous les tentes montées par les marchands, où s’empilent les grands déballages des fins de séries et des articles soldés. Il y a de la musique, des ballons, les enfants mangent de la barbe à papa, une odeur de saucisses grillées flotte dans l’air. Les familles, les poussettes, les chiens, les couples d’amoureux, les cyclistes forment une foule pittoresque, une cohue débordante et bon enfant, mi-acheteuse, mi-spectatrice. La rue prend une sorte de charme dans cette atmosphère de fête foraine. Qu’achète-t-on dans de telles circonstances?

Corps à l’encan

De La dame aux camélias (1848) d’Alexandre Dumas, il nous reste surtout, à travers la pièce de théâtre qu’en tira l’auteur et l’opéra qu’en fit Verdi (La Traviata), l’histoire kitsch de l’amour d’un jeune homme pour une courtisane, histoire qui s’achève glorieusement dans le pathos, les larmes, le repentir, la réconciliation et la mort… Mais au-delà du cliché, ou pour mieux dire avant lui, La dame aux camélias est aussi un roman, beaucoup plus corrosif que la pièce et que l’opéra, et dont le propos concerne tout particulièrement l’économie. La prostituée y apparaît comme une figure cristallisant une alliance problématique propre à la modernité économique : celle du désir et de l’argent.

Ventes de garage et hedge funds

L’économie est l’un des systèmes de régulation les plus importants du monde contemporain. Il faut saisir la dimension historique et évolutive de cette prépondérance : c’est depuis les débuts de la révolution industrielle et tout au long du 19e siècle que l’économie a progressivement étendu son emprise sur toutes les sphères de la vie et qu’elle a eu tendance à s’imposer, au point de vue des représentations et dans son effectivité, comme système omniprésent. Je voudrai y revenir, en examinant en particulier ce qu'en dit le roman de l'époque, dans les prochaines semaines.
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