la plupart du temps
il n’y a rien
à dire d’aujourd’hui
quand même tu notes
rue Drouin, des adolescents partagent des Pringles
c’est alors que te reviennent
la voix d’un homme venu au parc et qui crie n’avoir pas verrouillé sa porte
le vrombissement miniature des guêpes fouisseuses
l’accent de la sauveteuse à la fermeture de la pataugeoire
un rassemblement de muscles, d’herbe et d’alcool autour d’une table plus loin
une odeur de camomille sur l’étendue gazonnée
les basses provenant d’un rez-de-chaussée d’où fusent sacres et accolades
les ballons en forme de simili-caniches, pendus par de la ficelle à une gouttière
un gamin qui, à l’aide d’une pelle de plastique, enfourne une seconde bouchée de sable
une main trop insistante sur un ventre rond
les soupirs d’une fillette – les frères tournent autour d’elle avec leur pistolet à eau
des mousses, deux ans à peine, qui tentent de grimper sur les balançoires
le père, plus loin, qui hésite à s’allumer une autre cigarette – puis l’allume
le grincement des balançoires remplies d’enfants
les formes géométriques devinées dans la profusion des mouches vertes sur un mur de brique
une Rawlings qui atterrit sourdement dans un gant
un soulier qui botte un ballon multicolore
du paillis entre la plante d’un pied et la semelle d’une sandale – une grimace
*
sur ton boutte de rue
un t-shirt maculé
met le gramme à l’encan
des bas remontés sur le seul
jean de la semaine
s’usent et susurrent
à l’entrée du dépanneur
*
le renard du jardin
fait les poubelles du bas de la côte
la dernière fois que tu l’as vu
il marquait son territoire
près des restes absurdes d’une affichette
saveur de melon d’eau
18 ans et plus
essai à l’intérieur
*
quand elle n’est pas occupée
à faucher les moineaux
qui peuplent ton balcon
la crécerelle effarouche
les pigeons de la place Valois
tu l’observes durant de longues minutes
posée sur le toit des condos
jusqu’à ce qu’on te demande
ça va?
gardant le silence tu pointes
le vide tu crois au mirage
on roule des yeux
avant de te laisser
seul
*
ici tu n’arrives plus
à décrire
l’odeur des bêtes
*
rue Cuvillier les canicules
relèvent les guillotines
au-dessus des nuques
moites des épieurs
*
l’humidex pousse des dos
recouverts de cuir dans des locaux
climatisés
près de la place rougie des passants
roulent dans la fumée
des grillades
*
avenue Morgan
elle fuse de la porte de l’église
bras ouverts voix tonnante
à l’endroit des occupants d’un taxi
bonjour, mes cocotiers!
*
par-delà cadrages et moustiquaires
des poitrines moites s’exhibent
accueillent des courants d’air maigre
pour le coup d’œil à peine subtil
jeté de l’autre côté de la rue
le chaud se fond au show
*
vente trottoir à l'église
du roi des rois
on chante dieu
à quelques pas on crie
l'aubaine de bobettes à une piastre
au mégaphone
*
dimanche six septembre
à la vente de garage
vous trouvez
du linge pas cher
livres disque compacts
et meubles
surtout vous observez des gugusses
au creux de leur paysage originel
*
la rue de nouveau livrée
aux moteurs la vente trottoir
se poursuivra toute l’année
sur les tablettes d’un pawnshop
où scies circulaires poésies vapoteuses et bc rich
prennent la poussière
*
coin Ontario et Bourbonnière
on demande
du change, man
pour toute réponse
j’ai pas de luz
sue-moi
*
rue Guimond une galerie
accueille matin et soir
le yoga et le hibachi
d’un sexagénaire
*
tu pourrais avoir chaud ici
comme partout ailleurs
mais lorsque tu dis
j’ai chaud en bas de la côte
tu as l’impression
d’être à l’orée du corps et du souffle
d’un sourire en coin
partagé avec ceux qui halètent
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