Rue de Chambly

Chapelet et gobelet

elle s’approche et te dit à bout de souffle et sans virgule monsieur Pie-IX monsieur Pie-IX tu lui réponds ne tenir ni du pape ni du mort que tu es tout au plus simple bedeau rue Ontario mais qu’elle trouvera bien un boulevard là-bas vers l’est

 

*

tu traverses un autre
après-midi de gouttière
au chant des scies
reines du premier au troisième
qui se posent sur la langue
comme des hosties
de cendre
 

*

 

ligne de faille rue
La Fontaine

Le gardien des heurts

rue Ontario
une vieille serre dans ses bras
un détour me regarde

ce sera drôle tu verras

elle déplace le panneau
d’un quart de tour
et s’en va l’air de dire

tu perdras ton prochain
comme toi-même

jusqu’ici
je n’avais jamais envisagé le labyrinthe
comme machine de deuil et d'amour

 

*

 

derrière le screen d’une ruelle
tu devines le crachin
du café sur la langue la piqûre
du goudron sur l’émail

le matin et le silence
pour tout le monde

 

*

Étrange Hochelaga

Étrange, l’Hochelaga.

Territoire débusqué au creux d’une pente, au moment où la vitesse à laquelle tournent les roues du vélo accélère, laissant de moins en moins de contrôle sur la direction - droit devant, vers le Sud, toujours plus au sud, toi qui viens du Nord, de beaucoup plus loin au nord.

***

Maisonneuve de glace

Marcher vite pour ne pas que l’hiver me rattrape, les bouts de doigts gelés ne doivent pas se perdre dans le canal bouché par un sac de vidanges éventré. J’ai peur de la suite des choses, mais je continue d’avancer, quitte à tomber en cours de route. C’est inévitable, je suis maintenant, trop engagée dans la marche du quartier pour faire demi-tour.

Hochelag à matin

Quand tu quittes Hochelaga, tu te mets en tête de tout r’monter, même si l’soleil s’est levé que d’un côté de la rue. C’est comme une grande migration à matin, une migration étrange, en plein hiver tout ce monde qui s’en va vers le Nord. C’est comme un grand départ pour faire le silence, pour laisser la matinée aux chats, au lent dérapage du soleil et à celles-ceux qui restent et qui sont tranquilles, enfin.

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