Le bon vieil audioguide va-t-il enfin disparaître? Celui qu’on emprunte à l’entrée du musée ou du site d’interprétation, qu’on tient près de l’oreille comme un téléphone — mais dans lequel on ne parle pas —, dont on sélectionne une langue ou une autre et que l’on active en composant un numéro, lorsqu’arrivé devant une station obligée, comme on fait un chemin de croix… Oui, il disparaîtra, ce supposé cicérone, cet interprète-mécanique pour individu ne voulant pas s’agglomérer avec ses semblables et former un groupe de visite guidée, qui est pourtant intéressé par le même sujet que ses congénères et partage leur volonté de découvrir un site ou une exposition. Le bon vieux audioguide s’efface progressivement, remplacé par les applications téléchargées sur un portable, souvent le iPhone, parfois le iPad, et quelques fois un lecteur mp3.
Depuis des mois, de nombreux fichiers de téléchargement sont offerts aux internautes et visiteurs des musées afin de leur donner un avant-goût de leur visite en téléchargeant une application. Les lettres d’information des musées font connaître ces « application iPhone » et « application officielle de l’exposition » à leurs abonnés. En ce moment, c’est l’Europe qui donne le ton.
Un « conservateur de poche[1] »
Ainsi, le Grand Palais, le Musée de Cluny et le Musée Magnin de Dijon par exemple, offrent via le site marchand de la Réunion des musées nationaux de nombreuses « applications mobiles » très riches en informations. Le même site offre aussi de l’information sur l’audioguidage, son utilisation par les musées et sur son nouveau rôle de souvenir de la visite:
Certains audioguides sont proposés en téléchargement. Cette solution permet aux internautes et futurs visiteurs d’emmener avec eux leur propre baladeur numérique pour la visite de nos musées, châteaux et expositions, et de conserver un souvenir audible de leur découverte du site.
Le RMN justifie aussi dans cette présentation son offre d’audioguide par l’adaptabilité du produit aux divers publics. Certains fichiers sont gratuits, d’autres sont offerts au coût de 3 euros; d'autres sont disponible en trois, quatre ou cinq langues. Il ne semble pas y avoir de règle en la matière actuellement.
Le Louvre n’est pas en reste, et son application gratuite peut être téléchargée sur le site marchand d’Apple. Il y a un an déjà, l’auteur d’un blogue se demandait si l’audioguide disparaîtrait au profit des fichiers téléchargeables utilisant de la vidéo. Il donnait le vidéoguide que le Musée Gassenti a développé comme exemple. La question mérite de toute évidence réflexion. D'autant que le fichier était disponible en langue des signes... ouvrant le musée à de nouveaux publics? Assurément!
Le Musée Jacquemart-André a lui aussi offert aux utilisateurs de l’iPhone une application pour son exposition — en ce moment au Musée national des beaux-arts du Québec —, Du Greco à Dali. Cette application contenait une présentation vidéo, une introduction, des commentaires d’une vingtaine d’œuvres et « des bonus audio exclusifs ». C'était bien là une formule diversifiée visant à démarquer le produit.
Un site Web versé dans le repérage et la diffusion de gratuités Web recense des audioguides de musée en divers formats (podioguides, audioguides), mais aussi des balades urbaines ou patrimoniales en audio, voire en vidéo. En somme, il s'agit d'une diversification du même objet ayant fait ses preuves depuis plusieurs années: la baladodiffusion.
Quoi qu'il en soit, les différents fichiers d’audioguidage ne partagent pas, pour le moment, les mêmes caractéristiques. Certains fichiers sont adaptés aux supports informatiques et nomades que sont les portables et les tablettes de lecture, d’autres au contraire sont clairement les fichiers formatés pour les supports spécialisés des musées : les instructions d’introduction (pressez la flèche verte, à tout moment vous pouvez écouter le mode d’emploi en tapant 100 suivi de la touche play, etc.) prouvent que ce sont les fichiers audio authentiques du musée qui ont ainsi été mis en ligne gratuitement. Évidemment, cela n’enlève rien à la qualité du commentaire, mais fait simplement épargner aux musées le coût de l’adaptation.
Dans la seconde partie de ce billet, nous traiterons des nouveaux supports d’audioguidage que les entreprises spécialisées offrent aux musées et de l’introduction de la vidéo dans l’audioguidage.
[1] Expression empruntée à Éric Biétry-Rivierre, dans le dossier « Audioguides des musées. Le banc d’essai », FigaroScope, 17 février 2010.