Missing: un suspense interactif

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Missing se présente comme un «divertissement interactif qui fusionne le jeu vidéo et la série télé policière». Le «suspense interactif» met en scène Roy Dupuis, dans le rôle du détective, Patrick Hivon, dans le rôle du disparu, et Serge Houde. Les participants plongent tour à tour dans la peau des divers personnages afin de faire progresser l’intrigue qui elle, se déploie graduellement sur un mode épisodique.

Bien que ce ne soit pas la première fois que l’on combine le jeu vidéo et la télésérie – contrairement à ce que suggère le discours de l’inédit qui entoure le lancement de Missing – la boite québécoise Zandel Média propose néanmoins une expérience qui dépasse le simple point-and-click style game (jeux de pointer-et-cliquer) traditionnellement adopté.

Vers la fin des années 1990, les franchises de Star Trek et de X Files ont notamment tenté d’intégrer leurs fans à l’atmosphère singulière de leur univers fictif par le biais des full motion video gaming (FMV), selon la formule anglophone. Ces jeux hybrides offraient toutefois des modalités interactives très limitées qui se résumaient à l’action de cliquer sur l’interface. Ce geste du «pointer-et-cliquer» simulait une prise de décision du personnage, parfois pressée par un ultimatum rendu tangible par la trame narrative. L’interface de jeu était également encadrée – définitivement ou temporairement –  par un interface-utilisateur – ou plus précisément un HUD (heads-up display) –, ce qui avait pour effet d’interrompre l’immersion cinématographique.

En ce sens, l’originalité de Missing: un suspense interactif consiste entre autres en la transition intégrée des scènes cinématographiques et des scènes de jeu (au moyen du logiciel UNITY 3D). L’intrigue est entièrement filmée et le téléchargement des scènes se réalise sans interruption. Le participant ou la participante se sent littéralement au cœur d’une série télévisée tant la réalisation est léchée. La trame sonore, que le blogueur Jihem (2015) désigne justement de «jazzy», façon film noir, contribue de même à l’univers d’enquête dans lequel évolue le récit.

En ce qui a trait aux modalités interactives de l’œuvre, elles se composent d’énigmes et de puzzles ainsi que d’interactions minimales avec l’environnement, telles que l’ouverture ou le déverrouillage de portes ou le clic rapide du joueur ou de la joueuse sur l’interface lors de séquences Quick Time. Toujours selon Jihem, joueur que l’on présume plus expérimenté, les énigmes présentent très peu de difficultés et le jeu épisodique laisse le participant ou la participante sur sa faim. Peut-être est-ce en réaction à ce genre de critiques – auxquelles les développeurs se sont exposés en investissant des sites de gamers habitués à certaines modalités interactives (Steam Greenlight par exemple) – que Zandel Media promet l’ajout de niveaux de difficulté dans les prochains épisodes, annoncés pour 2015.

La série policière s’adapte aussi parfaitement au médium: le personnage principal, «contrôlé» ou incarné par le participant ou la participante, est immédiatement engagé par l’intrigue puisque ses décisions font avancer le cours de l’enquête. «Avancer», car dans le cas de Missing, l’intrigue demeure inchangée par l’achèvement ou non des énigmes ou des puzzles qui ponctuent le parcours balisé d’un épisode de 40 minutes à une heure, selon l’expérience du spectateur ou de la spectatrice.

Enfin, Missing est présentement disponible sur tablettes (iTunes, Google Play et Amazon) et sur téléphones (Google Play) au prix de 1,99$ l’épisode tandis que les versions pour portables sont en développement.

Pour citer
Cortopassi, Gina. 21 avril 2015. « Missing: un suspense interactif ». Dans les Délinéaires du Laboratoire NT2. En ligne sur le site du Laboratoire NT2. </nt2-3/fr/delineaires/missing-un-suspense-interactif>. Consulté le 23 février 2024.