Présentation de la communication
«Is this a zoo? Ces paroles liminaires, prononcés dès la première scène par Freia, figure tragique qui annoncera son existence et sa libération par voie de défénestration, vont non seulement servir d’ignition au récit filmique, mais vont également fournir un substrat à l’ensemble des questionnements qui peuvent sourdre suite au visionnement d’Appleseed, long-métrage d’animation de 1988 réalisé par Katayama Kazuyoshi. Si la trame narrative de ce récit de science-fiction emprunte la forme quelque peu éculée du thriller policier et nous gave à satiété des poncifs du genre, c’est bien dans une dimension totalement mythologique que sont posées les assises visuelles et intellectuelles de cette utopie cinématographique. Obvies, les multiples références à la culture hellénistique revêtent manifestement une importance capitale au sein du film de Katayama et mérite une pleine analyse. Cependant, il est à noter que dans le cadre de cette communication nous entendrons par dimension mythologique un arraisonnement temporel du récit ayant principalement comme objectif d’aplanir les distances entre l’espace et le temps, entre l’homme et sa genèse, dans un univers fictif qui, à l’instar de la société japonaise d’après-guerre, apparait démuni de repères suite à un cataclysme hors-proportion.
Omniprésent dans Appleseed, ce syncrétisme qui s’opère entre la refonte symbolique de la religion traditionnelle (temps du mythe) et une ontologie postmoderniste (temps de l’histoire) s’incarnera à travers une habile transposition du récit théogonique de la Titanomachie hésiodique, mythe occidental représenté ici comme vecteur d’un nouvel ordre biotechnologique (Orbaugh, 2002). Cette interpolation servira de canevas à deux problématiques sous-jacente, soit la rupture des marqueurs temporels et la perte des repères historique comme corollaire du transhumanisme utopique, puis, l’assujettissement et la dématérialisation du corps humain à travers l’usage de plus en plus soutenu d’un technologie envahissante. À l’instar d’Icare, l’homme peut-il véritablement s’envoler et être autonome sans brûler ses ailes?»