Présentation de la communication
«Il a été trouvé sur le champ de bataille, au début de la guerre, nu et agonisant, et après deux mois d’inconscience, s’est réveillé sans mémoire» (59). C’est en ces termes qu’est présenté Forestier, l’ami du narrateur de Siegfried et le Limousin (1922) de Jean Giraudoux. En janvier 1922, le narrateur apprend qu’un célèbre juriste allemand, Siegfried von Kleist, est en réalité l’un de ses amis, l’écrivain Forestier. Retrouvé nu, blessé et amnésique à la fin de la guerre, Forestier a refait sa vie outre-Rhin sous un autre nom et sans aucun souvenir de sa vie française. Le narrateur se rend donc à Munich afin d’identifier Forestier avec l’aide du baron Zelten et traverse une Allemagne revancharde, marquée par la défaite et le traité de Versailles. Cette histoire de «faux monnayeurs» (12), publiée trois ans avant le roman d’André Gide, donne à la question de l’oubli la forme d’un récit de dédoublement entre soi et soi-même.