Université du Québec à Montréal
RADICAL

Réflexions sur le contemporain

Gervais, Bertrand
Réflexions sur l'époque contemporaine, ses figures et ses enjeux, sur le statut du livre et de la représentation en culture de l'écran, dans le cadre de la Chaire de recherche du Canada sur les arts et les littératures numériques et du RADICAL (CRSH).
Pour citer ce document:
Gervais, Bertrand. 2011. Réflexions sur le contemporain. Carnet de recherche. En ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain. <https://oic.uqam.ca/fr/carnets/reflexions-sur-le-contemporain>. Consulté le 1 mai 2023.

Quand l'évènement fait irruption dans la fiction

On continue de se demander quelle est la part de l’évènement dans toute fiction. Voici le début de l’introduction du collectif, L’imaginaire du 11 septembre 2001. Motifs, figures et fictions, que nous avons cosignée Alice van der Klei, Annie Dulong, Simon Brousseau et moi-même; elle exploite ce moment où l’évènement surgit et perturbe de façon majeure une fiction.

Fictions de la ligne brisée: Typologie des mises en récit de l’oubli

Par quelles figures parvenons-nous à mettre en récit l’oubli? Sur quoi peuvent se déployer des fictions de l’oubli? Il faut voir d’emblée que raconter l’oubli est paradoxal, parce que le récit est le lieu par excellence de la mémoire. Raconter, c’est conserver, maintenir intact. Le récit est son propre palais de mémoire, puisqu’il organise des lieux ainsi que des espaces et il met en scène des personnages, des destinées. Dans ce contexte, les fictions de l’oubli sont des récits dont la reconstruction est malaisée, des narrations qui s’ouvrent sur des ruines qu’elles tentent de comprendre et d’interpréter afin d’en faire apparaître la part de vérité. Je tenterai ici d’en proposer une typologie, par le biais d’une série de motifs.

Quand roman et performance se recoupent: Paul Auster et Tehching Hsieh

Qu'ont en commun Tehching Hsieh et Paul Auster? En 1981-1982, ils ont tous deux exploré les rues de Manhattan, le premier lors d'une perfomance d'un an, le second dans le cadre de son roman Cité de verre. La réflexion qui suit entreprend de mettre en relation ces deux projets.

Rutland. Entre réel et imaginaire

Je suis en train de terminer ma relecture de La dernière Guerre (une tâche fastidieuse), roman qui doit être publié ce printemps 2017. Je ne veux pas entrer dans le détail de l’intrigue, je veux simplement reprendre une anecdote qui y apparaît. Elle concerne la ville de Rutland au Vermont, notamment parce qu’une étrange relation s’y développe entre le réel et l’imaginaire.

Dictionnaire visuel Google (comme si on y était)

Le projet du Dictionnaire visuel Google entend diffuser le plus fréquemment possible sur Tumblr des captures d’écran des pages de résultats « images » du moteur de recherche Google. L’idée est de témoigner de cette nouvelle forme de liens iconotextuels, proposés spontanément par la compagnie et de tenter de comprendre ce qu’elle implique.

Le cinéma et la fin du monde: Apocalypticmovies.com

Le cinéma nous a donné, ces dernières décennies, une quantité impressionnante de films à caractère apocalyptique. La fin du monde fait vendre (c’est pas nouveau, c’est évident, mais on s’étonne que la recette fonctionne toujours). L’industrie cinématographique adore ce plat, même réchauffé, et multiplie à l’envi les blockbusters apocalyptiques. En fait, entre les blockbusters et les TV movies End of the Word (2013), The World’s End (2013), World War Z (2013), Zombie Hunter (2013), Seeking a Friend for the End of the World (2012), 2012 Ice Age (2011), Earth’s Final Hour (2011), etc., nous avons l’embarras du choix. Or, un site comme Apocalypticmovies.com, actif jusqu'en septembre 2014, recensait, par décennie, les films, toutes catégories confondues, qui traitent de la fin du monde.

L’APOCALYPSE: RÉPÉTER, INTERROMPRE

Ce qui faisait peur maintenant étonne ou amuse. Ce qui suscitait angoisses et tremblements se retrouve sur les rayons des grandes surfaces ou dans les galeries d’art. La fin du monde n’est plus une vision effroyable, une menace d’anéantissement à ne pas prendre à la légère, mais une idée avec laquelle on joue. On s’amuse à se faire des peurs. D’aucuns diront qu’on n’y croit plus, mais en même temps, on en reprend constamment le récit.

À la rencontre du lisible et du visible

Un des présupposés du processus de figuration est que tout peut devenir figure. Celle-ci n’est pas, en tant que telle, la propriété d’un objet ou d’un être. Elle est le résultat d’une projection, faite par un sujet qui attribue à un objet quelconque une valeur, une signification. Et cette transfiguration est le résultat d’un processus d’appropriation qui ne laisse pas l’objet intact, mais le convertit en forme signifiante, en objet d’un investissement affectif et symbolique.

Le triple soupçon de l’imaginaire contemporain

Pour rendre compte de l’imaginaire contemporain, un ensemble de trois traits sont définis, articulés les uns aux autres en fonction de leur complémentarité. Ces traits reposent sur une hypothèse, le fait que le soupçon apparait comme la modalité cognitive par excellence de l’imaginaire contemporain. Les traits identifiés dessinent donc un triple soupçon, une triple inquiétude.

Le contemporain et la crise: une relation nécessaire? (présence du DVG)

Quand j’ai lu pour la première fois René Girard au début des années 80 (dans un cours donné par André Vanasse sur la poétique de Dostoïevski), la portée de ses hypothèses sur le désir triangulaire, ainsi que sur le bouc émissaire et la crise sacrificielle dans les sociétés antiques m’avait grandement impressionné. J’admirais l’efficacité de ses thèses et l’éclairage immédiat qu’elles apportaient sur un état social sur lequel je ne m’étais pas encore interrogé, mais qui a, depuis, pris place au cœur de mes recherches. Cet état, c’est la crise et la violence qui lui est associée.

Le Dictionnaire visuel Google: plus rien n'échappe au visible

Il semble bien qu’à notre époque tout soit visible, tout se donne à voir, jusqu’à l’invisible et l’impalpable. C’est la grande leçon des moteurs de recherche et surtout du développement des métadonnées permettant d’indexer les photos et images téléversées sur des sites de partage ou des blogues.

Le blogue littéraire: le vilain petit canard (3/3)

Supposons qu’on veuille rendre compte des modalités de la création littéraire dans le cyberespace. Non pas de la présence de la littérature sur Internet (librairies virtuelles, sites de maisons d’édition, bibliothèques), mais bien des entreprises ou des projets personnels à caractère littéraire qui se déploient actuellement sur le réseau. On commencera par s’intéresser à la situation des blogues.

Le blogue littéraire: nouvel atelier de l’écrivain (1/3)

Le blogue littéraire est le nouvel atelier de l’écrivain et il s’impose de plus en plus dans les pratiques d’écriture. Le blogue est un espace de création textuelle authentique. Il est la contrepartie, en culture de l’écran, du journal intime ou du journal de création et représente l’une des principales formes de la renégociation des lieux de partage de l’espace littéraire, traditionnellement occupé par le livre et ses dérivés.