«Je vous dirai une folie. Elle s’inscrit dans les lignes du visage recopiées cent fois sur un papier transparent jeté au brasier. […] La folie maladressée.» Par ces mots de Nathalie Stephens dite Nathanaël, extraits de L’absence au lieu (Claude Cahun et le livre inouvert), une éthique de la lecture tout autant que de l’écriture voit le jour: la folie, si on la prend à la racine, consiste à «faire le vide, dans la tête et dans le corps»; ce qui est façon d’interroger: peut-on lire depuis la folie? avec folie? Folie à/de l’origine pour Cahun. Façon aussi d’interroger le nœud des appartenances: la famille y perd son m/aime, et la lettre absente, dans la faille de la langue ainsi obtenue, trace des correspondances inédites entre l’œuvre de la pionnière Cahun et son héritière, Nathanaël.
Qu’est-ce qu’interroger un livre que l’on n’a pas lu, dont on est demeuré sur le seuil? Qu’est-ce qu’interroger un livre qui n’est pas signé, dont Cahun n’est pas l’auteur – à la lettre –, mais la récipiendaire posthume? Nathanaël n’a pas ouvert le livre, elle ne parle pas à proprement parler de l’œuvre de Cahun, mais elle la place au seuil – par l’exergue issu de Confidences au miroir – et par le résidu de la trace photographique. C’est aussi de signature dont il sera question, tant un nom peut en cacher un autre: l’errance onomastique rejoue la lettre absente et le vide de la langue – toujours en quête d’une question qui ne quête pas de réponse. Se raturant dès que proférée. On l’aura compris: une lignée, de l’une à l’autre, aura eu lieu dont il convient de décrypter les chaînons. [Site Web du colloque]