Cette communication repose sur un questionnement général concernant la représentation des femmes en art. Au gré de mon parcours en études féministes, il est devenu évident que la réappropriation d'attributs traditionnellement masculins par les femmes, comme stratégie de révolte contre l'asservissement patriarcal, était à mes yeux problématiques.
Nous poserons que la violence est l'un de ces attributs qui posent le plus de questions. En effet, qu'est-ce qu'implique pour une femme l'utilisation de la violence? Dans les films de Quentin Tarantino, le spectateur se retrouve devant des femmes violentes, des femmes armées, des femmes qui ont le droit et la volonté de blesser et de tuer. Pourtant, de grandes féministes contemporaines comme Virginie Despentes affirment que «le régime des armes et du droit à tuer restent ce qui définit la masculinité. Les hommes nous rappellent qui commandent et comment. Puisqu'ils n'enfantent pas, ils tuent». C'est ce qu'ils nous disent, à nous les femmes, lorsqu'ils veulent faire de nous des femmes avant tout des femmes: vous accouchez, nous tuons.
Si la violence est le propre du masculin, est-ce que se la réapproprier met le féminin en péril? Est-ce que cette stratégie est, au final, de la poudre aux yeux?