cinéma

L'écriture de la littérature

Savoir pourquoi Marguerite Duras était revenue à l'écriture à la fin des années 1970 («Le retour au pays natal») ne peut répondre à la question de pourquoi elle avait quitté l'écrit pour passer au cinéma dans les années 1960/1970. Son assertion: «je fais des films pour occuper mon temps» n'est pas très éloignée de celle-ci: «dans la solitude, je n'avais rien d'autre à faire qu'écrire».

L'image apocalyptique

L’aspect apocalyptique du cinéma de Duras doit être interrogé non au départ de sa réflexion politique littéraire mais à l’aune d’un pouvoir qu’elle accorde singulièrement à l’image. Duras n’a jamais déclaré un livre raté. Par contre, de son propre aveu, son cinéma est un ensemble de films ratés, ce qui n’empêche pas l’écrivain de les donner à voir. L’apocalypse du cinéma durassien est thématique, mais elle est également structurelle, conditionnée par le matériau: l’image est apocalyptique.

L'ombilic du soleil

L’œuvre de Duras —filmique, textuelle, théâtrale— est ce que l’on peut concevoir comme une écriture du réel. C’est, en effet, à partir de l’impossible que se construit la représentation qui correspond au corps poétique fragmenté, ce que l’on retrouve mis en son et en images dans les productions cinématographiques.

New York en plein cœur. De la double catastrophe dans «25th Hour» de Spike Lee

On connaît surtout le réalisateur Spike Lee pour son exploration des problématiques sociales et identitaires, notamment celles qui touchent la population afro-américaine. De façon générale, et nonobstant les qualités cinématographiques indubitables de celles-ci, des œuvres comme «Do The Right Thing» (1989), «Jungle Fever» (1991) ou «Malcom X» (1992) traduisent une vision plus ou moins manichéenne de la réalité sociale américaine dans laquelle Noirs et Blancs, riches et pauvres, hommes et femmes, luttent, les uns pour la préservation des droits, les autres pour leur conquête.

Métro, nitro, Ground Zero. Ombres et lumières du 11 septembre dans «Batman Begins», «V for Vendetta» et «Spider-Man 2»

Pour moi comme, je crois, pour la plupart d’entre nous, le 11 septembre n’a jamais existé hors des discours qui l’ont constitué. Même durant cette matinée-là, que j’ai passée devant ma télévision, le 11 septembre n’a pas été un hypothétique «fait bru »: il a été, d’abord, une suite d’images, certaines en direct, d’autres en différé et en boucle, commentée par les journalistes, puis par des experts. Il a été le produit d’un cadrage, d’une segmentation, d’un découpage, visuels ou verbaux.
Auteur inconnu. 2010. «Inception»
Desrochers, Jean-Simon

Inception mindfuck: la représentation d'un imaginaire créateur

Si la réussite d'une fiction était mesurée par la somme des réactions qu'elle provoque, Inception serait considéré comme un classique contemporain. Sept mois à peine après sa sortie sur grand écran, une recherche Google révélait près de six millions deux cent mille résultats pour les termes «Inception film analysis» et près de trois millions six cent vingt mille pour «Inception explanation». Au-delà des simples cumuls de données statistiques, ces chiffres suggèrent qu’Inception a engendré une exceptionnelle volonté de comprendre, sinon de prendre parti, de donner un sens clair et définitif à cette œuvre.

Le triple soupçon de l’imaginaire contemporain

Pour rendre compte de l’imaginaire contemporain, un ensemble de trois traits sont définis, articulés les uns aux autres en fonction de leur complémentarité. Ces traits reposent sur une hypothèse, le fait que le soupçon apparait comme la modalité cognitive par excellence de l’imaginaire contemporain. Les traits identifiés dessinent donc un triple soupçon, une triple inquiétude.

De la spécificité de la banlieue québécoise (2): le règne du carport

Pour faire suite au précédent billet, je voudrais aborder une série de deux articles publiés en 2004 par Lucie K. Morisset et Luc Noppen, intitulée «Le bungalow québécois, monument vernaculaire1». Professeurs au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM, les auteurs retracent l’histoire du bungalow au Québec en cherchant à démontrer l’importance et la valeur de son appropriation du point de vue des pratiques quotidiennes et de l’aménagement de l’espace. Ceux-ci revendiquent le caractère «typiquement québécois» (2004a, p. 9) du bungalow qui a proliféré sur nos terres, en proposant une histoire de ses origines et de sa transformation au fil de la deuxième moitié du XXe siècle.

La banlieue: quintessence de l'expérience américaine?

Dans un précédent billet, je décrivais une des magnifiques photographies de Bill Owens : un jeune père de famille, posant fièrement devant sa maison et sa voiture de l’année, affirmait qu’il n’avait pas besoin de tout ça pour être heureux, qu’il voulait seulement une petite place en campagne où il pourrait respirer de l'air frais. Offrir plus d’espace à chacun, traverser et occuper le continent, n’est-ce pas le rêve qu’était censé rendre possible le Nouveau Monde? Thomas Jefferson lui-même avait acheté le territoire de la Louisiane en 1803 (merci Napoléon!) pour permettre aux Américains de devenir propriétaire, de cultiver leurs liens avec la terre et la communauté, selon le modèle d’une société agraire. Quand on regarde les banlieues d’Amérique du Nord aujourd’hui, on se dit que quelque chose s’est mal passé en cours de route… Et pourtant, il y a bien là une part essentielle de l’expérience du territoire en Amérique.
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