Imaginaire de la création

Aire de recherche consacrée aux réflexions sur les processus créateurs et sur le rôle du créateur.

Théâtre et (néo-)libéralisme: la performance en question

Je vais revenir sur ce qui a été beaucoup évoqué hier: l’idée qu’on a assisté au cours de la dernière décennie à la promotion des valeurs de l’art (dans tous les sens du terme) au service du règlement de l’actuelle crise du capitalisme. Qu’il s’agisse d’y trouver dans ces valeurs de l’art la source d’une reprise de la croissance économique ou bien l’inspiration pour le dépassement du système capitalisme, l’art et la culture ont très manifestement émergé dans le débat économique comme si la marginalité artistique revenait au devant de la scène économique à la faveur de la crise.

Mines d’or et fausses monnaies: échange et valeur dans les romans de la vie littéraire de Gide et Dunan

La carte et le territoire de Michel Houellebecq s’ouvre sur une mise en abyme spectaculaire: Jed Martin contemplant puis détruisant son dernier tableau, Damien Hirst et Jeff Koons se partageant le marché de l’art. Hirst était au fond facile à saisir, on pouvait le faire brutal, cynique, genre «je chie sur vous du haut de mon fric». On pouvait aussi le faire artiste révolté, mais quand même riche, poursuivant un travail angoissé sur la mort.

Mise en fiction du luxe et critique de l’économie autour de 1900

En 1857, Flaubert décrit avec Emma Bovary un personnage qui est peut être la première acheteuse compulsive de l’histoire littéraire. Pour Emma, les objets ne cessent d’offrir des promesses toujours neuves, de grands vases de verre bleu à mettre sur la cheminée, un prie-Dieu gothique, de petites pantoufles de couleur grenat avec une touffe de ruban large qui s’étale sur le coup de pied, un foulard de soie algérienne pailleté d’or, même un mobilier de salle à manger entre-aperçu chez le notaire alors qu’Emma est presque ruinée et court après l’argent.

Du traité d’économie politique au roman: la révolution stendhalienne

Le domaine économique introduit dans le roman stendhalien des facteurs qui le font dévier de schémas conventionnels, facteurs que le roman n’intègre d’abord que de manière tangentielle ou oblique. Avant de procéder à l’analyse des rapports entre roman et économie, de la révolution que celle-ci apporte au genre, de la difficulté qu’elle engendre pour Stendhal, on peut rappeler ce qui dans le parcours de l’auteur lui a facilité une perspective innovatrice.

De la physiocratie au capitalisme colonial. Balzac et les théories économiques au XIXe siècle

L’exposé sera séparé en deux parties. Dans la première, je me poserai la question suivante: quels sont les principaux discours économiques qui apparaissent dans l’œuvre de Balzac, quels sont les doctrines que Balzac repère, quelles sont les doctrines que Balzac approuve ou désapprouve dans son œuvre, que dit Balzac des grandes innovations économiques qui apparaissent avant, pendant et après la révolution française? Dans un deuxième temps je me poserai la question, plus littéraire, à savoir comment la forme du roman représente ces discours?

Intervention impromptue à propos de la «fiction génétique»

Le fait qu'il est toujours périlleux de créer prospectivement une typologie et une définition trop précise quand cela risque de remettre en question certaines oeuvres d'un corpus non-stabilisé qui pourraient être intéressantes à analyser. Après tout, il y a un livre en bout de ligne. Ce que je veux dire, c'est qu'il faudrait peut-être (même si c'est moins ambitieux, moins "scientifique") c'est une définition descriptive de l'ensemble du corpus choisi dans le cadre des recherches afin de déceler les liens et les recoupements.

viseur et tungstène

10 juin 2011 – L’appareillage du regard. Jasant avec le flâneur en chef il y a quelques jours, autour de la photographie et autres sujets croisés, il a mentionné apprécier particulièrement mes photos prises dans le métro. « On sait quel est ton sujet », qu’il m’a dit. Ce à quoi j’ai bredouillé quelque chose du genre: «Tu sais, dès qu’on se met à jouer minimalement avec les contrastes, on en vient à supprimer le regard. C’est vrai qu’ils sont, disons, tristes, mes sujets. Peut-être plus qu’ils ne le sont vraiment.» Parce que je ne savais pas encore tout à fait si le choix de photographier ces personnes transpirant la solitude, voire la tristesse dans certains cas, était conscient. Depuis deux, trois jours, je rumine la chose.

La réalité semblait de plus en plus stérile

Œuvre référencée: July, Miranda. (2007) «No One Belongs Here More Than You». Cette insistance sur l’incommunicabilité et sur la solitude du sujet contemporain m’apparaît importante en ce qu’elle adresse à notre époque des questions qui concernent ses fondements. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un hasard si tant d’oeuvres littéraires, ces dernières années, se montrent soucieuses quant à la solitude des individus et insistent à ce point sur l’importance des rapports intersubjectifs.
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