Penser le contemporain

Aire de recherche consacrée à la théorisation et à la compréhension de la notion de «contemporain»

De la solidarité des récits: Sullivan et la fascination de l'altérité

Cette volonté de s’éloigner des récits conventionnels et des portraits caricaturaux ouvre un espace de réflexion salutaire, refusant les facilités de la dérision. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu tout Bourdieu pour saisir à quel point l’appartenance à une classe sociale transparait dans les préférences culturelles de chacun, bien que le lien de cause à effet soit le plus souvent camouflé derrière les concepts de bon goût, de raffinement intellectuel, de culture populaire ou élitiste.

Emmanuel Carrère: écrivain du discours

L’écrivain du discours, chez Carrère, se fait l’émissaire de nos interrogations, s’approchant au plus près de l’énigme sans prétendre en savoir quelque chose, usant de sa présence sur les lieux et de son aura culturelle pour accéder à des dimensions qui nous demeureraient inconnues. Il met au jour l’histoire dans ses constituants, la désépaissit sans la réduire en décrivant la suite des faits avec précision et clarté, dans la maîtrise ordonnée d’une langue de laquelle, pour nous permettre d’en être les interlocuteurs, il ne s’efface pas.

Audrey Prévost, entre silence et inaction

Œuvre référencée: Delisle, Michael. (2007) «Dée». «M'ma, I'm going out!» C'est par ces mots révélateurs, criés par la jeune Dée, que s'ouvre le roman éponyme de Michael Delisle. S'ils sont révélateurs, c'est que, dès l'incipit, on peut commencer à discerner certaines caractéristiques qui marqueront la parole et les actions du personnage central tout au long des pages suivantes.

L'ère du constat?

Œuvre référencée: Pynchon, Thomas. (2013) «Bleeding Edge». Pynchonien, «Bleeding Edge» l’est sans conteste: les théories de conspiration y abondent toujours autant (et, la proximité historique des catastrophes du 11 septembre aidant, semblent même nous rattrapper); les échevaux parallèles de l’histoire et du savoir technique y sont toujours aussi inextricablement liés aux plus délirantes spéculations, et, si l’on consent à lui reconnaître un rythme plus digeste que dans le roman qui l’imposa à l’apogée de ses facultés cannabinoïdo-mentales d’illisibilité («Gravity’s Rainbow», pour ne pas le nommer), on constate que, bien qu’assagi quelque part, le Thomas Pynchon de «Bleeding Edge» est encore porté, de ses digressions sur les effets néfastes du Web à ses portraits de fêtes sans fin, explosions de vitalité qui ne semblent aller nulle part, par la fougue potache et adolescente d’un des plus juvéniles et «geek» auteurs américains encore vivants à 76 ans.

Un mythe canadien?

Œuvre référencée: Fortier, Dominique. (2008) «Du bon usage des étoiles». «Du bon usage des étoiles» relate le périple historique des navires Erebus et Terror dans l’océan Arctique à partir de l’été 1845 selon les perspectives parallèles des marins se dirigeant vers leur mort et de leurs flammes demeurées en Angleterre, liant la trame épique à une intrigue amoureuse.

L’APOCALYPSE: RÉPÉTER, INTERROMPRE

Ce qui faisait peur maintenant étonne ou amuse. Ce qui suscitait angoisses et tremblements se retrouve sur les rayons des grandes surfaces ou dans les galeries d’art. La fin du monde n’est plus une vision effroyable, une menace d’anéantissement à ne pas prendre à la légère, mais une idée avec laquelle on joue. On s’amuse à se faire des peurs. D’aucuns diront qu’on n’y croit plus, mais en même temps, on en reprend constamment le récit.

L'auréole profanée du désir

Œuvre référencée: Louis-Combet, Claude. (1997) «L'Âge de Rose». L’écriture combetienne se déploie à partir d’un matériau légendaire et biblique dont elle tire des réinterprétations traversées de ses idées fixes: par elle seule l’écrivain peut poursuivre le dialogue silencieux et vital qu’il a instauré avec l’énigme de son origine fracturée. Loin des querelles de chapelles et des débats sur ce que «doit être» la littérature contemporaine, il poursuit inlassablement sa marche sur son chemin intime.

La France: territoires morcelés

Œuvre référencée: Adam, Olivier. (2012) «Les lisières». «Les Lisières» est paru fin août 2012 chez Flammarion. Son auteur, Olivier Adam, souvent qualifié d’«auteur social» par la critique parisienne, propose une œuvre ambitieuse, qui se donne pour tâche de faire le pont entre les conflits personnels de son narrateur et ceux qui animent la France dite «normale»: classe moyenne, banlieue, idéologies du quotidien.

Jusqu’à la fin ou la continuité malgré tout

Œuvres référencées: DesRochers, Jean-Simon. (2013) «Demain sera sans rêves» et Landry, Pierre-Luc. (2013) «L'équation du temps». On voit bien, suivant les titres des œuvres de Pierre-Luc Landry –«L’équation du temps»– et de Jean-Simon DesRochers –«Demain sera sans rêves»– l’entêtement de la question temporelle et, par-delà, de la continuité. Mais davantage que cette interrogation pour le moins commune –tous les romans ne parlent-ils pas du temps?– les œuvres de Landry et de DesRochers travaillent à actualiser les méthodes s’attaquant aux récits linéaires mâtinés d’analepses. Cette même entreprise justifie sans doute que cette présente lecture s’attaque à ces deux œuvres, comme de deux œufs une même bouchée.

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