Nourrir la machine à tweets

Alors, on a une petite idée de ce que fait un Twitter en papier, et ce que nous entendons par la machine à Tweets. En découpant le tweet de Twitter, nous le permettons de respirer un peu– et nous nous permettons comme lecteurs de lui porter un nouveau regard. Dans cette entrée, nous allons recenser les tweets qui ont apparu lors de la dernière mise en marche de la machine à Kingston, pour mieux comprendre quelles sont les éléments qui contribuent à leur alimentation.

Il y a deux moyens de classer les tweets que nous allons utiliser ici. Le premier, c’est par leur forme : c’est-à-dire leur utilisation de texte, image, ou les deux. Le deuxième, c’est par leur fonction : c’est-à-dire leur ton, registre, le sens de ses mots, s’ils veulent de réponse, etc.

1. Le forme des tweets

Il y a effectivement trois formes en jeu ici :

a) Texte uniquement. La grande plupart des tweets affichées se sont servis du texte pour véhiculer leur message. Tout comme les lettres, les poèmes, et les romans, nous sommes dans le monde du textuel pur.

b) Image uniquement. Il y avait très peu de tweets qui ne comportaient qu’un image, mais les images inclus étaient tous dans l’ordre représentatif- c’est-à-dire l’image d’un objet, et non pas une abstraction d’une émotion ou un sentiment.

c) Image et texte : plus rare que le texte pur, mais plus courant que les images sans texte, sont les juxtapositions d’un image et du texte dans un même texte. Très souvent, ce genre de tweet fait référence à des mèmes internets, ce qui nous emmène à notre deuxième piste d’analyse.

2. La fonction des tweets

a) lancer une discussion (solliciter une réponse). Dans quelques cas, une personne va faire un tweet qui n’est pas une réponse directe à un tweet antécédant, mais qui est sensé de lancer une nouvelle discussion. Ce tweet prend le forme normalement d’une question, ou se termine avec un imperatif (eg. ‘Discuss.’)

b) contribuer à une discussion en cours (solliciter une réponse). La grande plupart de tweets générés répondent à un tweet déjà affiché, pour prolonger une discussion. Dans cette catégorie, nous regroupons tous les tweets qui contribuent à la discussion avec un argument ou une observation plutôt pertienent(e), qui normalement provoquerait une réponse du OP (Original Poster) qui servirait à une prolongation de la discussion et une exploration de la matière en question.

c) contribuer à une discussion en cours (ne pas solliciter une réponse). La deuxième type de réponse possible à un tweet c’est une réponse ironique ou auto-référentiel, où l’auteur ne cherche manifestement pas une réponse sérieuse à son intervention. Ce type de Tweet peut générer des réponses, bien entendu, mais ces réponses sont normalement la prolongation d’une blague introduite ou une parenthèse. Les adeptes de ce forme sont parfois nommé des ‘trolls’ dans l’environnement numérique.

d) non sequitur. Dans cette dernière catégorie, nous voyons tous les autres tweets qui ne sont ni des réponses à un Tweet en particulier, ni des tentatives de lancement de discussion. Ces messages tombent dans la domaine de l’expression artistique pure.

Conclusions :

Dans le cas du forme des Tweets, il y a une réflexion intéressante à faire. Sur papier, on aurait normalement le droit de dessiner un image ou d’écrire du texte. Dans les deux cas il s’agit de dessiner une série de lignes pour transmettre une idée- mais bien entendu l’écrite est plus facile pour la discussion parce qu’elle standardise et normalise les termes de la discussion (ton chat et mon chien pourraient se ressembler beaucoup, mais mon mot ‘chien’ se distingue assez facilement de ton mot ‘chien’- nos talents artistiques respectifs sont moins importants quand on dessine des lettres). Cependant, la présence des images dans une proportion importante de tweets démontre que le textuel n’est pas isolé ici comme il l’est dans le roman ou le lettre- et le fait que lesdits images trouvent pour la plupart leur génèse sur l’internet, y compris reddit et twitter, démontrent à quel point nos communications hors ligne sont perméables à ces innovations iconolinguistiques.

Pour ce qui est de la fonction des Tweets, il va falloir plus de donnés pour en tirer des vraies conclusions. Cependant, plusieurs tendances se sont manifestées dans l’expérience qui m’ont fait penser à la communication numérique tel que je le comprends sur Twitter- il y a des personnes qui souhaitent tenir un discours très civil et pratique, d’autres qui veulent déranger des telles discussions, d’autres qui sont là pour s’exprimer sans se soucier des réponses qu’ils vont avoir, et d’autres. Il faut remarquer que dans cette expérience tous les participant.es étaient présent.es dans la même salle, alors l’anonymat qui soutend les communications sur Twitter n’existait pas dans ce cas-ci. Est-ce que cette visibilité voire transparence a enlevé de pouvoir aux ‘trolls’? Est-ce que c’est un facteur plus important que le niveau de scolarité des participants ou le milieu universitaire qui entourait l’expérience?

À voir.

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