
La base de données de l’Observatoire propose un recensement de sites qui sont principalement composés d’œuvres hypermédiatiques. Une partie du mandat du Laboratoire étant de « faciliter et de promouvoir l’écriture, la lecture, l’étude et l’archivage de textes et d’œuvres hypermédiatiques »1, la question du choix des sites à incorporer à la base de données devient alors primordiale. Lors de la constitution de cette base de données, les étudiantes en charge du recensement et de la description des sites se sont vite rendues compte de la complexité du choix à opérer quant aux sites à présenter.
Chez les chercheures en histoire de l’art, sous la direction de Joanne Lalonde, la décision a été prise assez rapidement quant à la nature des sites à recenser : la très grande présence d’œuvres hypermédiatiques leur permettait de se concentrer exclusivement sur celles-ci et de reporter le recensement des sites de revues et d’organismes à plus tard. L’objectif étant « d’identifier et cataloguer les œuvres littéraires et hypermédiatiques présentement disponibles sur le Web et/ou sur support informatique et participant à cette nouvelle culture »2, pour les chercheures en études littéraires, travaillant sous la direction de Bertrand Gervais, le choix du corpus a été plus délicat. Bien que les oeuvres artistiques hypermédiatiques soient nombreuses sur le Web, les œuvres littéraires, le sont, elles, beaucoup moins. Si elles sont moins présentes, il convient alors de se questionner, dans un contexte de recherche, sur la présence du littéraire sur le Web – où est-il, et sous quelle forme ?
La décision de se tourner vers la présence du littéraire sur le Web a considérablement compliqué le processus de sélection. En élargissant notre mandat – et ainsi, la quantité de sites à décrire – nous avons dû opérer une sélection parmi les sites sélectionnés pour la base de données. En construisant la base de données, nous avons constaté que les vitrines d’auteurs ne se ressemblent pas toutes, qu’elles n’ont pas la même qualité ni la même pertinence. Certaines questions ont donc été soulevées : « Voulons-nous recenser tous les sites de maison d’édition ? les sites qui permettent aux écrivains/internautes de publier en ligne (Lulu.com) ? Voulons-nous également répertorier tous les sites d’auteurs, toutes les vitrines d’auteurs ? »
La présence du littéraire sur le Web est non seulement très importante, elle est aussi très difficile à définir. Par exemple, s’il est clair que l’on inclut les sites d’organismes qui offrent des résidences Web à des artistes ou auteurs, et qui mettent ensuite les œuvres produites en ligne (Chambre Blanche), doit-on inclure dans la base de données le site d’un organisme qui offre des ateliers d’écriture à un public beaucoup plus large, et qui publie en ligne les textes produits (Boutique d'écriture)
La question s’est également posée pour les sites de bibliothèque, de maisons d’édition et de périodiques, qui peuvent prendre deux formes, soit virtuelles ou en ligne. Nous avons rapidement décidé d’inclure les deux formes, mais nous sommes retrouvées avec des sites de revues en ligne qui ne proposaient que les titres des articles, sans rendre les textes disponibles.
En recherchant la présence du littéraire sur le Web, nous avons trouvé une très grande quantité de sites qui nous donnent la mesure des possibilités offertes par le medium, des avenues empruntées par les utilisateurs. Ainsi, un choix éditorial s’est graduellement imposé à nous et nous avons décidé de ne pas rendre la totalité des sites recensés disponibles à tous sur la base de données, mais de proposer une sélection composée des sites qui utilisent à leur plein potentiel différents aspects du médium. Toutefois, comme il entre également dans le mandat du Laboratoire de faire état de l’évolution à la fois qualitative et quantitative des sites littéraires présents sur le Web, il nous est apparu nécessaire de garder les sites d’intérêt et de qualité inférieurs que nous avions recensés, en les rendant disponibles aux chercheurs seulement et de créer ainsi une base de données privée, fonctionnant en parallèle à une base publique.
Afin de départager les sites et de décider lesquels seraient disponibles uniquement dans la base privée, nous en sommes arrivées à l’idée de leur donner une cote se situant entre 1 et 5 : 1 étant réservé aux meilleurs sites, à ceux que nous considérons comme des « chefs d’œuvres ». La cote 3 est attribuée aux sites qui ne sont accessibles qu’à travers la base privée; la cote 4 est donnée à ceux qui ne fonctionnent pas ou sont en développement, et la cote 5 à ceux qui ne sont plus disponibles. La cote 2 est attribuée automatiquement à tous les autres sites, qui apparaissent ainsi sur la base de données publique.
Ce système de cote nous permet de filtrer la quantité et la qualité des sites disponibles sur la base de données publique, de garder une vitrine publique allumée et intéressante pour les visiteurs tout en faisant le moins de discrimination possible. Il permet également de trouver plus facilement, comme le font les mots-clés, certains sites selon les intérêts de recherche. On peut facilement imaginer, par exemple, dans quelques années, une recherche sur l’évolution de l’utilisation d’Internet par les écrivains ou sur le changement de la conception du statut d’écrivain grâce à l’utilisation de l’Internet. Les cotes utilisées pour le classement des sites seront alors un indicateur, un outil de recherche de plus pour les chercheurs.
[1] - http://www.labo-nt2.uqam.ca/ensavoirplus/avenuesderecherche
[2] - http://www.labo-nt2.uqam.ca/ensavoirplus/avenuesderecherche