Marcher, écrire, parcourir un espace, qu’il soit géographique, littéraire ou même onirique, supposent une transformation de soi, aussi minimale soit-elle, une certaine re-symbolisation du monde.
On connaît Paris, Londres, Montréal et New York, leurs rues et leurs quartiers, on connaît la ville et la modernité, les déchets qu’on répand et les biens qu’on récolte au passage, la librairie du coin et le café entre deux courses. Pourtant, en chemin, on s’égare et on se perd soi-même.
Partipriste de la première heure, Paul Chamberland fait incontestablement parti des grandes figures de la littérature québécoise. Poète, philosophe, essayiste et enseignant, le témoin nomade ne cesse d’élaborer sa réflexion sur le devenir du monde.
Où suis-je quand je marche? L’interrogation suinte quelque part entre le sol et soi. Ce n’est pas une question d’ordre touristique, mais poétique. Elle accompagne la marche, se pose comme les pas dans la ville.
À une vision linéaire du temps, modèle sur lequel s’établissent les concepts d’Histoire et de progrès s’oppose une vision circulaire qui, elle, s’inscrit dans une compréhension du monde basée sur l’immuabilité ou, en opposition au progrès, sur la tradition.
Les premiers mots, tout comme les premiers pas, sont soumis à un étrange vertige: sans appui, ils accomplissent un saut —un passage— initiant et déterminant une marche singulière, qui sans cesse cherche son équilibre dans le pas-à-pas de l’écriture.
J’ai choisi de proposer ici quelques remarques sur le déambulateur urbain, parce que l’appellation me correspond, même si je marche parfois dans des milieux et paysages naturels.
Nous tenterons d’élaborer une réflexion ouverte sur la marche depuis ses fondements jusqu’à ses plus récentes formes d’expressions urbaines, en passant par son actualisation dans la nature et ses nombreux défenseurs.
La déambulation, comme pratique de l’espace habité et de ses circuits d’échanges, intéresse la littérature depuis au moins le siècle des Lumières, qu’on pense à Rousseau et à Restif de la Bretonne.
L’auteure de cet article propose de voir comment l’approche documentaire permet à Kunuk d’utiliser le langage cinématographique pour conserver la mémoire de son peuple.