Cahiers Figura

Le récit colonial dans le roman africain. «Paradis» ou la reconfiguration de la modernité

Des oeuvres africaines évoquent depuis le début l'événement transformateur que la Colonisation a été dans l'histoire moderne du continent. Des dramaturges, essayistes, romanciers et poètes débattent du rôle de la littérature dans le vaste projet intellectuel visant à penser la modernité africain et leurs oeuvres montrent la conception de la modernité qu'ils se font et souhaitent pour le continent, conception qui change avec les moments historiques. S'il est entendu que la notion de modernité se limite ici à la façon dont une société donnée et à une époque donnée pense son avenir et donc se définit dans sa différence avec des époques précédentes, il est aussi important de souligner la fonction de la littérature dans la modernité comme conscience d'un changement à travers l'histoire d'une communauté.

Ethnocritique. Des racines et des ailes du postcolonial

Les points d'intersections entre ethnocritique et critique postcoloniale (qui pour moi peut épouser la perspective sociocritique) sont nombreux. Ils se situent, d'une part, dans la prise en compte de la notion de "culture". Pour cela, il faut garder en tête l'édifiante manière avec laquelle Jacques Derrida, dans Le Monolinguisme de l'autre, montre que "toute culture est par définition coloniale, à la fois appropriatrice et expropriatrice ("culture" et "colonie" sont d'ailleurs, en latin, un seul et même mot, du latin colo, colere, cultu)". D'autre part, ils apparaissent dans la grande attention accordée à certains concepts bakhtiniens: la polyphonie, l'hybridité, le dialogisme.

De Marx à Bakhtine. Ethno- et sociocriticiens, qu'est-ce qui vous fait marcher?

Dans la discussion qui suivit les communications de Marie Scarpa et de Pierre Popovic au Symposium international de sociocritique de Paris en décembre 2011, Henri Mitterand, qui présidait la séance, rappela que les conditions d'émergence de la sociocritique étaient très différents de celles de sa pratique actuelle. Sa remarque touchait -avec raison à mon sens- tous les participants de cette rencontre, puisqu'elle disait ceci: "Nous avions l'ambition de fonder une esthétique marxienne et de participer ainsi à un changement social dont le marxisme nous apparaissait comme le point de départ philosophique et politique."

Introduction

Penser le texte dans son interaction avec la semiosis sociale qui l'environne, lire la «mise en texte» (Claude Duchet) comme lieu d'un travail sur les représentations, saisir dans le mouvement du sens qu'elles engagent les «altérités du texte» (Mikhaïl Bakhtine) sont des actes communs à la sociocritique et à l'ethnocritique. Si leurs ailes s'éploient partir des mêmes intentions heuristiques -ce qui mène de fait les chercheurs attelés à l'une et à l'autre à pouvoir discuter les résultats de leurs travaux dans la concrétude de l'acte de lecture effectué-, elles ont développé des hypothèses, des concepts, des outils notionnels, des segments de méthode, des manières de saisir le continuum du texte avec ce qui le nourrit, des tendances et des propositions herméneutiques qui ne sont pas exactement pareilles et qui appellent aujourd'hui des comparaisons, des confrontations, des évaluations réciproques.

Pourquoi le posthumain perd son temps, mais ne traîne pas

Je défendrai ici la thèse que la numérisation de nos activités induit avant tout une modification de notre temporalité, laquelle se caractérise par l’impossibilité de "traîner" qui remet ensuite en question le statut du sujet. Que suis-je? Comment décrire mon existence en tant que je? Cette question parcourt la philosophie depuis Descartes et —c’est que je voudrais montrer— prend une nouvelle forme dans le passage au numérique parce que s’est modifiée radicalement la représentation que nous pouvions nous faire du temps dans lequel nous vivons.

«Filmtext 2.0» de Mark Amerika, ou les spectres de la phogitographie numérique

Mark Amerika transforme l’exploration de chacune de ses oeuvres en une expérience multimédia qui très vite sature les capacités cognitives et sensorielles du lecteur/utilisateur (musique, texte, image), empruntant notamment à l’esthétique cyberpunk et au jeu vidéo, entre autres aspects de la culture pop revendiqués par l’artiste. Le matériau culturel que recycle indéfiniment Mark Amerika façonne ainsi notre expérience de lecture, chaque nouvel opus proposant qui plus est le remix du précédent tout en cherchant à dégager de nouveaux rapports intersémiotiques.

Les fenêtres de la perception. L'expérimentation et les limites de l'humain au cinéma

Cette réflexion se place dans le prolongement de ma contribution à l’ouvrage collectif dirigé par Elaine Després et Hélène Machinal issu du colloque de Brest qui a précédé celui de Montréal. J’avais tenté de faire une sorte de typologie des films qui thématisaient les limites de la définition de l’espèce humaine. J’avais distingué trois catégories: les films dans lesquels le règne animal prend le pas sur l’homme ou menace de le faire; les films qui interrogent les rapports de l’humain avec la machine et mettent en scène robots, androïdes et cyborgs; et pour finir, les films qui traitent des mécanismes du cerveau de l’homme et de son appareil perceptivo-cognitif, qui entraînent sa perception de la continuité de l’espace-temps.

Réflexions sur le posthumain. De la question des genres dans «The Night Sessions» de Ken MacLeod

Ken MacLeod est un auteur contemporain que l’on peut présenter par une liste d’adjectifs: écossais, labellisé, politique. Ces adjectifs sont des indicateurs de traits spécifiques qui expliquent sans doute (en partie) les raisons de l’intérêt qui lui est porté. Le premier est un adjectif de nationalité puisque Ken MacLeod est Écossais. Même si ce premier point mériterait développement, car il indique un lien possible entre le posthumain et la dimension postcoloniale, nous le convoquons uniquement pour étayer l’approche culturelle qui sera adoptée dans le cadre de cette analyse. Être Écossais "signifie".

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