Cahiers Figura

De la sexualité posthumaine. À propos de «Demon Seed» de Dean Koontz (1973 et 1997)

Depuis les années 70, dans les thrillers d’anticipation hollywoodiens, se dessinent les formes d’une rêverie sur les corps et le devenir technologique de leur sexualité. Sexualité rêvée car encore inactuelle, fantasmée car inactualisable pour lors dans notre instant technologique ou sexualité potentielle: par le truchement des appareillages et des extensions, des écrans et des capteurs, des simulateurs et des stimulateurs, une fiction prospective laisse apparaître les contours d’une véritable «sexualité possible», comme on dit «mondes possibles».

Les voies douloureuses du posthumain dans les mangas et animes nippons

Après les études pionnières de F. L. Schodt sur le manga, il a fallu attendre la première synthèse académique sur l’anime, de la main de Susan J. Napier dans «Anime From Akira to Princess Mononoke», avant de voir lentement émerger des travaux de sociologues, psychologues, médiologues, historiens de l’art, critiques cinématographiques et littéraires sur ces deux versants complémentaires (mais non réductibles l’un à l’autre) de la culture visuelle japonaise.

Le gène et la machine. Humain, transhumain, posthumain dans les fictions de Richard Powers

Qu’est-ce que la conscience? Les machines peuvent-elles penser? Avons-nous besoin d’un corps pour penser? Le corps et l’esprit sont-ils une seule et même chose? L’homme est-il programmable génétiquement? Sommes-nous déterminés par la culture ou par notre biochimie? Ces questions sont quelques-unes de celles que pose Richard Powers dans deux de ses romans —«Galatea 2.2» et «Générosité»— qui interrogent les frontières de l’humain à partir de deux figures majeures de l’imaginaire posthumain: le gène et la machine.

La notion de «livre de la vie» d'un point de vue littéraire. Génétique, symbolisme et hybridité de discours dans deux romans contemporains

Depuis la découverte de la structure de l’ADN en 1953, et à partir d’événements singuliers tels que le débat entre savants diffusé à la télévision en 1968 intitulé «Vivre et Parler» ou l’entreprise du projet génome humain à la fin des années 1980, la notion de «livre de la vie» s’inscrit progressivement dans l’imaginaire collectif comme un synonyme d’ADN. En témoignent les nombreux articles et ouvrages de nature aussi bien populaire qu’académique publiés pendant cette même période.

Corps et corporalité dans «Moxyland» de Lauren Beukes

«Moxyland» a été publié successivement dans plusieurs pays anglophones, chez des éditeurs différents, avec des couvertures différentes. Sur la couverture de la version publiée chez Angry Robot, on voit les personnages principaux, ceux qui prennent en charge chacun à leur tour la narration. Cette image ne montre que les contours des têtes de ces personnages, et, au milieu de leur visage, entièrement blanc, le symbole qui s'affiche sur l'écran d'ordinateur quand il est impossible d'afficher une image, une croix rouge sur fond blanc dans un cadre noir. Ces silhouettes sans visage annoncent vraisemblablement les vidéos publiées par Toby sur Internet dans le roman, «faces blanked out of course». Pourtant, bien que leurs traits ne soient pas représentés, le lecteur peut identifier ces personnages sans aucune difficulté.

Quelle médecine pour l'homme augment? Étude des enjeux philosophiques de l'anthropotechnie

Le posthumain, cet être humain dont les caractéristiques essentielles n'ont plus rien de commensurable avec celles qu'on lui connaît aujourd'hui, n'est pas qu'un être de fiction, un personnage imaginaire des romans de science-fiction, des nouvelles d'avant-garde, des bandes dessinées ou des films à gros budget. Certes, il n'est pas encore totalement présent en chair et en os, ni même en chair et en métal, mais il n'en reste pas moins un évènement de notre temps. D'une part parce que la fiction participe d'un champ qu'il faut bien qualifier d'imaginal au sens où il ouvre des possibilités concrètes, et d'autre part, parce que sa simple évocation conduit à l'apparition de débats et de prises de position bien réelles, s'ancrant dans notre présent.

Le génome est un champ de ruines

Mon titre réfère à un ouvrage du romancier Serge Lamothe analysés dans cet article, «Les enfants lumière», mais constitue aussi, bien sûr, un clin d'oeil à la célèbre formule de Walter Benjamin: «l'Histoire est un champ de ruine.» Clin d'oeil un peu ironique, puisque «Les enfants lumière» ne permet pas de porter un regard vers le passé, mais oblige plutôt le lecteur à se demander vers quoi nous conduisent biotechnologie et posthumanité dans un univers narratif dominé par un éclatement spatio-temporel. Ce qui ne signifie pas qu'il ne sera pas question d'Histoire.

Saltation virale pour un post-«Homo communicans». La série «Darwin» de Greg Bear

Plusieurs théoriciens, comme N. Katherine Hayles et Cary Wolfe, voient dans la conception nouvelle de l'homme proposée par Wiener le point de départ de la construction de la figure ambiguë et protéiforme du posthumain. Si Hayles explique le posthumain comme un dépassement de l'incarnation («embodiment») «un amalgame, une collection de composantes hétérogènes, une entité matérielle et informationnelle dont les limites sont continuellement construites et reconstruites», Cary Wolfe apporte certaines nuances.

Introduction. Une présence insistante et incertaine

En 1802, le naturaliste Jean-Baptiste Lamarck créait le néologisme «biologie» à partir de deux mots grecs signifiant «science de la vie» (ou «science des êtres vivants»). Si on voulait retracer l'archéologie du concept de posthumain, on pourrait partir de ce moment historique: la naissance d'une science sur la constitution des organismes vivants et ce qui s'en suit. On pourrait aussi choisir de remonter beaucoup plus loin dans le temps, jusqu'aux mythologies qui fondent la civilisation occidentale (le géant de bronze Talos, chez les Grecs) ou jusqu'aux textes religieux (le golem dans le Talmud). Rien n'empêche non plus de proposer un point de départ beaucoup plus tardif: Foucault pose implicitement la question du posthumain dans Les mots et les choses, en 1966.

L'esprit comme «milieu» des idées. Une inspiration écologique à partir des écrits de Marie Darrieussecq

Peut-on comprendre, à la lumière du savoir écologique, l'esprit comme milieu des idées? Quel serait, depuis cette perspective, le rapport entre l'esprit et l'entendement, ces deux grandes catégories de la pensée? Il a été montré que «l'entendement ne connaît rien par ses seules forces». Les opérations logiques sont conduites par lui, «mais à la condition que la sensibilité lui fournisse les éléments sur lesquels [l'entendement] travaille».

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