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Lector Ludens -
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Approche psychanalytique de la lecture. L'auteur se propose d'étudier cette activité en l'assimilant au jeu. À contre-courant de la quasi-totalité des études sur le sujet, il s'engage à démontrer que le jeu n'est en rien gratuit. Pour ce faire il évoque le fort / da théorisé par Freud, qui désigne le mouvement d'éloignement / rapprochement mis en place par l'enfant avec ses jouets et qui symboliserait une sublimation de la peur d'être abandonné par sa mère. Le lecteur, suppose Picard, a lui aussi quelque perte ou douleur à supporter et s'engage dans son activité de lecture sous la modalité du fort / da. Il considère d'abord la littérature en tant que jeu de société. La poésie, le théâtre écrit, le roman sont des jeux règlementés ; la connaissance des règles est indispensable au plaisir de lire. De ce point de vue, les textes modernes relèvent du puzzle, et Picard situe l'agon qu'ils engendrent en fonction de la propension herméneutique du lectant. Ce plaisir des initiés équivaut selon l'auteur au même type de sublimation qu'effectue l'enfant étudié par Freud. La quête du savoir chez l'intellectuel, pour le psychanalyste, n'est autre qu'un transfert de la pulsion scopique. Picard introduit, après le liseur et le lectant, une troisième instance : le lu. Il marque ainsi la passivité et la non conscience du lecteur eu égard à son inconscient au moment de sa lecture. L'efficacité du jeu est fonction d'un équilibre entre game et playing. Régression vers l'enfance, la lecture situerait le lecteur dans une aire transitionnelle.