«Les enfants sauvages sont un groupe qui vit dans le bush australien. Les plus âgés mènent les plus jeunes comme dans la villégiature insulaire inventée par Jules Verne dans Deux ans de vacances, mais sans la violence régressive du roman de Golding, Sa majesté des mouches. Les enfants sauvages ne sont pas ceux qui suivent Peter Pan dans le roman de Barry, ils ne refusent pas de grandir, mais attendent un messie capable de les guider vers ce qu'ils nomment le post-futur, la vie possible après la catastrophe que le futur leur a déjà amené. Les enfants sauvages sont plus qu'un clan ou une tribu: ils font société car au-delà d'un mode commun d'existence, les enfants sauvages possèdent un récit commun, un mythe qui donne sens au passé de la catastrophe, un mythe qui fait endurer le présent parce qu'il est annonciateur d'une figure messianique promise par un récit prophétique. Quand les enfants sauvages découvrent Max, ils le recueillent et le soignent, attendant son réveil pour le placer à la position centrale qui doit être la sienne. Il est le meneur, annoncé par un récit fondateur, celui qui les conduira vers des jours meilleurs. Il est le personnage d'une fiction qui scelle leur unité et qui fait alors qu'au-delà de la réunion ou de l'association circonstancielle née des événements, les enfants sauvages constituent bien une communauté.»
OBSERVATOIRE DE L'IMAGINAIRE CONTEMPORAIN