Ma communication s’inscrit à la suite des réflexions critiques développées dans les années 90 à l’endroit de la photographie humanitaire. Prenant appui sur les travaux du philosophe Noel Carroll, nous examinerons le rôle que joue la moralité dans la réception de ces images. Il sera avancé que la photographie humanitaire opère selon les modalités d’un pacte moral entre producteurs et récepteurs. Ainsi, l’intelligibilité des images humanitaires est assurée par l’adoption d’attitudes mandatées alors que la tolérance aux représentations de la souffrance des autres est favorisée par la promotion d’un point de vue moralement acceptable. Toutefois, en conséquence de ce même pacte, des contraintes esthétiques sont imposées et la pensée critique est évacuée de son champ de réception. Il sera donc suggéré qu’une esthétique de «l’indécidabilité morale» serait plus encline à interpeller le jugement critique du public et à octroyer une voix aux sujets photographiés.
OBSERVATOIRE DE L'IMAGINAIRE CONTEMPORAIN