Présentation de la communication
Dans un texte intitulé «La tentation autobiographique», Madeleine Gagnon prend le contrepoids d’un discours assimilant l’écriture de soi à la contemplation mortifère de sa propre image: écrire, c’est toujours selon Gagnon se situer du côté du désir, c’est toujours se soumettre à l’exigence d’un matériau qui fait écran à une jouissance mortifère dans laquelle le sujet pourrait être amené à s’abîmer. Cette tension entre le désir et la jouissance, entre la vie et la mort, est constante dans l’œuvre de Gagnon, laquelle se déploie dans les différents registres souvent entremêlés de la poésie, du récit et de la théorie psychanalytique. «Le jour où je serai satiable / sera celui de ma mort / je serai rassasiée / quand je ne serai plus» écrit-elle par exemple dans Pensées du poème. Pourtant, il semble que Gagnon cherche à «faire la connaissance de […] la mort dans la vie»; qu’elle cherche à produire une écriture qui «émerge de la mort même», comme si la tension entre désir et jouissance pouvait se résoudre dans et par l’écriture. Cette tension caractéristique de l’œuvre de Gagnon est ici analysée à l’aune d’une rencontre avec l’écrivaine menée lors de la préparation d’un dossier de Voix et Images lui étant consacré.