Le dernier cours de Michel Foucault au Collège de France, du 1er février au 28 mars 1984, poursuit une réflexion sur le dire-vrai amorcée depuis ses tout premiers travaux archéologiques mais qui s’est infléchie au fil du temps vers une herméneutique de l’archive qui semble à première vue soustraire les textes examinés aux régulations d’une pratique discursive. Dans cette perspective, il pourrait s’avérer intéressant de comparer L’Ordre du discours, sa leçon inaugurale, et Le Courage de la vérité, sorte de testament obligé dans la mesure où Foucault décédera le 25 juin de cette même année. Il s’agirait ainsi d’examiner le statut d’auctoritas accordé aux auteurs étudiés en regard des modes de véridiction mis en place dans son propre discours professoral, et commenté en ces termes:
«Mais ce professeur, cet homme de la tekhnê, du savoir-faire et de l’enseignement, dans cette transmission du savoir, dans ce dire-vrai qu’il a lui-même reçu et va transmettre, on voit bien — et c’est ce qui fait sa différence d’avec le parrèsiaste — qu’il ne prend aucun risque. Tout le monde sait, et moi le premier, que nul n’a besoin d’être courageux pour enseigner. Au contraire, celui qui enseigne noue, ou en tout cas espère, ou désire parfois nouer entre lui-même et celui ou ceux qui l’écoutent un lien, un lien qui est celui du savoir commun, de l’héritage, de la tradition, lien qui peut être aussi celui de la reconnaissance personnelle ou de l’amitié. En tout cas, dans ce dire-vrai, une filiation s’établit dans l’ordre du savoir.» (Michel Foucault, Le Courage de la vérité. Le gouvernement de soi et des autres II, Cours au Collège de France. 1984, Paris, Gallimard Seuil, coll. «Hautes Études», 2009, p. 24)