Présentation du colloque
Le colloque étudiant Figura «Femmes ingouvernables: (re)penser l'irrévérence féminine dans l'imaginaire contemporain», organisé par Joyce Baker et Fanie Demeule, a eu lieu les 4 et 5 mai 2016 à la Salle des Boiseries de l'UQAM.
Tantôt crainte pour cause du pouvoir qu’elle incarne, tantôt admirée pour son aplomb, la femme irrévérencieuse hante les imaginaires collectifs et la culture populaire en s’incarnant sous une pluralité de visages. Pour Kathleen Rowe, la “Unruly Woman” (que nous traduisons librement par «femme ingouvernable») est cette figure archétypale qui perturbe l’image traditionnelle de la féminité, notamment en manifestant des comportements en décalage avec ce que l’on attend du féminin. Selon Rowe, la femme ingouvernable peut présenter une forte corpulence, adopter des comportements dérangeants tels que de parler trop fort, de faire preuve d’un humour salace et assumé, ou encore d’exprimer sa colère en public et de faire preuve d’agressivité; à notre sens, elle peut aussi jouer la carte de la classe, de l'auto promotion et de l’hyperféminité assumée.
Si la figure féminine est habituellement celle qui se fait regarder, qui fait parler d’elle ou est la cible des blagues, la femme ingouvernable est celle qui regarde, parle et s’impose d’elle-même en spectacle. Laissant entendre haut et fort ses désirs comme sa rage, elle incarne l’archétype de femme en tant que sujet. Par cette attitude irrévérencieuse, elle se positionne elle-même au centre du discours et clame son droit à l’expression, mais aussi à son pouvoir dans l’espace public. Ce qui devient provocant chez la femme ingouvernable n’est pas tant son rejet de la féminité, qu’elle tend souvent, au contraire, à conserver sous plusieurs traits, que sa propension à faire cohabiter sans gêne des éléments féminins et masculins, car “elle ébranle l’une des distinctions fondamentales –celle entre le masculin et le féminin.” (Rowe, p. 31, notre traduction) L’une des incarnations de la femme ingouvernable serait la figure de la Virago, cette «femme d’allure masculine, autoritaire et criarde». Il est intéressant d’observer que chez la femme, l’attitude colérique et la violence ont de tout temps été perçues comme des marques de virilité –d’où l’origine du terme Virago, constitué du latin vir, désignant l’homme. En raison de sa reconfiguration libre des genres, elle laisse rarement indifférent; si elle se voit parfois s’attirer le mépris, elle n’en inspire pas moins l’admiration, et même l’identification auprès des auditoires. Quelle apparaisse sous une apparence androgyne ou hyperféminine, on la dénigre ou on l’admire en même temps et parce que l’on reconnaît chez elle le pouvoir féminin, et donc le renversement qu’elle initie, car la femme ingouvernable refuse massivement le rôle de victime et d’oppressée qu’on veut lui faire endosser. Ce faisant, celle-ci peut questionner les attentes que l’on cultive envers le féminin et proposer un décalage en utilisant ce qu’on attend d’elle (telles que le culte de l’apparence et la séduction) comme d’une arme, à ses propres fins.
Ce colloque se propose de réfléchir sur la multiplicité des figurations de femmes ingouvernables au sein de la culture populaire contemporaine. Qu’elle soit guerrière (Xena, Hit Girl), sorcière (Maleficient, Melisandre), superhéroïne (Black Widow), détective (Jessica Jones), travailleuse du sexe (Ovidie), femme artiste (Gaga, Cyrus), lutteuse (Ronda, Chyna) ou encore criminelle (Aileen Wuornos), l’irrévérencieuse infiltre à l’heure actuelle tous les médiums et médias populaires; littérature, cinéma, télévision, bande dessinée, jeu vidéo, arts du spectacle et visuels. C’est donc à travers un prisme multidisciplinaire que nous invitons les éventuel.les participant.es à réfléchir aux implications idéologiques, aux questionnements et aux problématiques que soulèvent les représentations de femmes ingouvernables aujourd’hui. Par conséquent, les pistes de réflexion que nous vous proposons à titre de muses intellectuelles ne représentent qu’une infime parcelle des innombrables possibilités.
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Organisation du colloque
Joyce Baker est étudiante au doctorat à l'Université du Québec à Montréal en études littéraires avec une concentration en études féministes.
Fanie Demeule est détentrice d'une maîtrise en recherche et création à l'Université de Montréal. Elle est présentement doctorante à l'Université du Québec à Montréal au Département d'études littéraires sous la direction de Samuel Archibald.
TABLE RASEDans le cadre du colloque Femmes ingouvernables: (re)penser l'irrévérence féminine dasn l'imaginaire populaire contemporain, Marie-Anick Blais, Vicky Bertrand, Sarah Laurendeau, Marie-Noëlle Voisin et Catherine Chabot ont présenté la pièce TABLE RASE. Après avoir montré un extrait de la pièce au public du colloque, les artistes ont discuté de la conception de la pièce, du jeu d'interprétation et des enjeux de la mise en scène. La discussion était animée par Samuel Archibald. |
Subversion et éloge de la «méchante» dans «Maleficent»: la femme forte et puissante comme nouvelle héroïne du conte de DisneySi les productions Disney sont au coeur de débats sur la représentation du genre, sur les rapports entre les sexes, on observe depuis quelques années une tendance progressiste qui tend à produire des films d’animation où les personnages féminins forts et actifs refusent le mariage et qui représentent les stéréotypes traditionnels de la féminité différemment. |
De Médée à Maleficent: la sorcière et le mal indécidableLa figure de la sorcière et celle de la femme ingouvernable ne peuvent être abordées sans parler de la femme ingouvernable par excellence, la mythique Médée. |
Considérations science-fictives de l’image de la femme, les mondes de demain pour décrire le monde d’aujourd’huiQu’on se le dise, les femmes en science-fiction ont souvent été comparées à deux catégories différentes, mais relativement semblables: la femme-objet, cette femme que les hommes utilisent pour que l’intrigue avance (ex. L’Ève future de Villiers-de-L’Isle-Adam); et la femme comme image sexuelle, femme uniquement présente pour ajouter de la romance ou pour attirer un public masculin lorsqu’elle se trouve sur la couverture de magazines. |
Femmes militaires, femmes guerrières: La place du féminin dans le métal extrêmeLorsqu'il est question d’heavy métal ou de métal extrême, on pense généralement à des hommes aux cheveux longs, souvent très barbus ou très tatoués, qui portent des jeans déchirés et des gilets à l'effigie de groupes de musique. On pense à des musiciens qui ont des allures agressives avec des bottes de style militaire et des ceintures particulières dites ceintures de balles. L'imaginaire relié au monde du métal renvoie à des hommes forts et imposants qui travaillent leurs muscles en jouant de la batterie ou encore qui chantent avec leurs voix caverneuses. |
L’autofiction comme un appel aux armes: la musique mobilisatrice d’Emilie Autumn et de OtepDans le cadre de cette communication, je me pencherai sur l'oeuvre de deux artistes qui ont su investir les sphères du métal et de l'industriel, soit Otep Shamaya et Emilie Autumn. |
Une société de violence, la réponse des guerrières. De la science-fiction punk en bande dessinéeJe vais comparer deux bandes dessinées dans lesquelles la figure de la guerrière s'illustre particulièrement. Le manga cyberpunk Gunnm de Yukito Kishiro ainsi que le comicbook steampunk La ligue des gentlemen extraordinaires d'Alan Moore. |
Feminism’s Not (Un)Dead: Michonne et Andrea, figures de résistance dans la bande dessinée «The Walking Dead»Je vais débuter en parlant des fictions post-apocalyptiques. La trame narrative est toujours la même: une personne ou un groupe de personnes essaient de survivre dans un environnement hostile ou stérile. |
«We will be the stars we were always meant to be»: réattribution sexuelle dans le canon superhéroïque de MarvelGrant Morrisson, auteur de comic books, souligne souvent en entrevue qu'il ne ressent aucun problème avec les changements drastiques faits à des personnages du canon superhéroïque, tant que l'objectif est celui de raconter de meilleures histoires. |
Érotique du cyborg: réflexion sur la différence sexuelle dans «Ex Machina» d'Alex GarlandLaurence Pelletier parle d’ingouvernabilité et d’irrévérence en montrant ce que ces deux concepts ont d’essentiellement féminin, en passant par la figure du cyborg. |
Les nouvelles figures de femmes détectives: une utopie féministe?L’arrivée de Jessica Jones sur nos écrans nous permet de réfléchir au personnage de détective au féminin dans les séries télé, en observant plus particulièrement ce qui caractérise Jessica Jones, mais surtout le scénario qui permet à cette émission de tenir des propos singuliers dans un univers qui, de prime abord, ne porte pas souvent une voix féministe. |
Stella, féministe au firmament? «The Fall», anatomie des violences masculinesDans le cadre de cette réflexion sur la figure de la femme ingouvernable, il me paraît fort pertinent d’analyser la série télévisée britannique The Fall, réalisée par Allan Cubitt et dans laquelle Gilian Anderson incarne l’équivalent d’une inspectrice en chef qui, tout en adoptant les codes de la féminité conventionnelle, parvient néanmoins à asseoir progressivement une véritable autorité au sein d'une hiérarchie policière, par définition essentiellement masculine, et à défier les relations de pouvoir et de domination qui la structurent. |
Ingouvernable Jessica JonesMartine Delvaux aborde l'invisibilisation des hommes et l'extrême figuration des femmes, la transparence du masculin et le technicolor féminin, la disparition des unes qui fonctionne comme une monstration et l'ultra représentativité des autres, qui a pour effet leur invisibilisation. |
«Broad City» Exit bromance. Hello bramanceDans son ouvrage sur l’humour des femmes au Québec, paru il y a déjà 14 ans, Lucie Joubert lançait à l’époque des pistes de réflexion qui sont malheureusement une ritournelle encore trop familière à nos oreilles: une femme drôle, c’est forcément une femme laide; elle fait des blagues parce qu’elle est incapable de séduire; elle a, c’est obligé, un physique ingrat. Une femme qui parle trop fort, c’est une femme vulgaire, c’est une femme qui se donne en spectacle, c’est une femme qui manque cruellement de féminité. |
Stand-up! Stratégies d’écriture humoristique et constructions d’identités dissidentes dans les stand-up de Margaret Cho et de Chelsea PerettiMargaret Atwood, une romancière, demandait aux femmes ce qu'elles craignaient le plus des hommes en général. Elles répondaient «me faire attaquer» ou «me faire violer». Lorsqu'elles demandaient aux hommes que craignaient-ils des femmes, la réponse était «qu'elles rient de nous». Pourtant, il existe cette injonction voulant que les femmes ou encore les féministes n'aient pas d'humour, ce qui expliquerait leur absence de la scène humoristique. |
Irrévérencieuse en humour québécois ou la réappropriation de l'insulte chez Mariana Mazza et Mélanie CoutureJoyce Baker propose d’ouvrir la réflexion et de repenser l’humour québécois au féminin, en s’appuyant sur deux humoristes: Mélanie Couture et Mariana Mazza. Ces deux humoristes font en effet partie d’une cohorte qui a su créer un espace bien particulier pour les femmes dans le discours populaire. |
La dépression comme acte de résistance en littérature: de la Sad Girl à la Sick WomanJe vais parler aujourd'hui de trois archétypes: la sad girl, la sick woman et la femme post-blessée, traduction de la théorie de Leslie Jameson du post-wounded. Ma communication s'avise à étudier la sad girl, la sick woman et la femme post-blessée comme femmes ingouvernables en littérature. J'explore l'idée que des actes, étant décrits comme passifs, tel que les pleurs, la tristesse, la dépression, l'anorexie et le suicide peuvent en font être politiques. |
Femmes violentes et transgression de genre dans les nouvelles de l'auteure finlandaise Rosa LiksomIl y a, dans l'oeuvre de l'auteure Rosa Liksom, un important décalage entre le temps de la description et son contenu. La violence et le pathétique des situations décrites ne trouvent pas, dans l'implication émotive des personnages, leur équivalent. Ainsi, l'innommable et la banalité cohabitent dans cet espace restreint de la nouvelle et vont jusqu'à provoquer l'inconfort de la lectrice ou du lecteur. |
«Throne of Glass» et la violence au féminin en young adult fictionS'il est une instance féminine trouble dans laquelle persiste l'énigme des genres sexués, il s'agit de la femme guerrière. |
«La Revengeance des Duchesses»: Une réappropriation féministe de la fêteVous connaissez sans doute le Carnaval de Québec, fête qui a lieu en hiver à Québec depuis de nombreuses années. Entre 1954 et 1996, le Carnaval est représenté par un bonhomme qui était entouré d'un harem, constitué des duchesses du Carnaval. Le rôle des Duchesses était assez simple, elles se faisaient co-porte-paroles du Carnaval et étaient surtout là pour favoriser la vente de la bougie, objet promotionnel pour financer le carnaval. Chaque duchesse représentait un quartier de Québec: Lévis, Montcalm et autres. |
La Duchesse Parle: Annie-Claude Deschênes comme prêtresse asservissanteAriane Gruet-Pelchat étudie l'irrévérence d'Annie-Claude Deschênes, chanteuse du groupe Duchess Says, un groupe très important dans la scène underground au Québec. Annie-Claude Deschênes est connue pour donner des performances intenses et imprévisibles. |
La performeuse burlesque: de la femme gouvernée à l'artiste ingouvernableLe succès du film Tournée de Mathieu Amalric, sorti en 2011, a participé au regain d'intérêt du grand public pour le néo-burlesque. Ce mouvement artistique et féministe présente un strip-tease parfois comique et fortement théâtralisé appellé l'effeuillage où sont mis en lumière des corps souvent non normatifs et une nudité partielle. |