L’Office national du film du Canada a été fondé en 1939 pour soutenir et promouvoir la production cinématographique canadienne. Depuis sa création, l’ONF a permis à des centaines de films en tout genre (courts métrages, documentaires, films d’art, etc.) de se tailler une place sur la scène internationale. Les archives de l’ONF constituent de plus une des ressources les plus importantes au pays pour les chercheurs et les artisans du cinéma.
Depuis quelques années, l’ONF cherche à réaffirmer son rôle de leader dans la production documentaire en investissant dans le développement de projets interactifs en ligne. En ce moment, la section interactive du site Web de l’ONF présente un choix de 14 projets réalisés depuis 2007.
Le NT2 a récemment ajouté les œuvres interactives francophones de l’ONF à son Répertoire, rendant accessible à la communauté hypermédia une foule d’informations précieuses pour les comprendre et les étudier. Nous vous invitons aujourd’hui à découvrir ces œuvres, témoignages de l’originalité et de la vitalité du nouveau cinéma canadien.
Les œuvres 100 mots pour la folie, Ça tournait dans ma tête, Lettre à Vincent et Otage de moi abordent des problématiques liées à la santé mentale, thème privilégié par l’ONF pour le développement de son programme de cinéma interactif francophone. Parmi ces œuvres, 100 mots pour la folie, la première expérience de vidéoclip interactif francophone de l’ONF, fait une utilisation particulièrement intéressante des archives de l’ONF. À l’aide des mots saisis par l’internaute en réponse à différentes questions, des recherches sont effectuées en temps réel dans des banques d’extraits vidéo sélectionnés par l’ONF, offrant à chacun une expérience de visualisation personnalisée. Le procédé n’est pas sans rappeler le mécanisme de certaines œuvres de Grégory Chatonsky, comme Ceux qui vont mourir ou Sodome@home.
Les œuvres Écologie sonore et L’éprouvette, avec David Suzuki, s’intéressent quant à elles à des questions écologiques: pollution sonore, surpopulation, épuisement des ressources… Dans L’éprouvette, le flux des tweets appelés pour faire écho aux activités de l’internaute («Mais si vous trouviez une minute, que feriez-vous?») joue sur l’idée de communauté instantanée, exploitant un volet important de la culture Web 2.0. Le visiteur peut lire en temps réel les pensées de centaines de personnes qui font la même chose que lui, un peu partout dans le monde.
Lavi an pa fini du photographe Benoit Aquin est une exploration de la vie quotidienne à Haïti, trois jours et trois mois après le séisme de 2010. S’il s’agit d’un essai photographique plutôt classique, l’inscription du projet dans une politique plus large de collaboration avec Haïti témoigne clairement de la volonté de l’ONF d’intégrer de plus en plus activement les productions interactives à ses programmes de développement.
Le projet PIB présente un portrait humain de la crise économique, réunissant des témoignages venant de partout au Canada. Ici, c’est surtout l’aspect pancanadien du projet qui est intéressant: la plateforme mise en place par l’ONF sert de lieu de ralliement virtuel à une foule de réalisateurs et de photographes, ouvrant un réel espace de dialogue autrement difficile à concevoir. La nouvelle cartographie du Web permet de penser autrement la géographie des espaces physiques.
Qui nous sommes, mégaprojet collaboratif, offre une vision moderne et vivante du multiculturalisme canadien. Le Web, dans ce projet, ce fait démocratique: n’importe qui peut ouvrir un compte pour partager vidéos, photos, textes…
Le documentaire Terre de froid, de Dianne Whelan, permet de découvrir l’aventure de la première femme à accompagner une expédition militaire dans l’Arctique canadien, en mars 2007. C’est peut-être ce projet qui illustre le mieux le mariage de la riche tradition documentaire de l’ONF et des nouvelles technologies: images grandioses, narration cinématographique classique, interfaces conviviales et diversifiées… Terre de froid, c’est l’occasion de se perdre à son rythme dans l’imaginaire du Canada sauvage et grandiose qui constitue encore aujourd’hui une part importante de l’héritage de l’ONF.
Ma tribu c’est ma vie propose une réflexion sur les réseaux sociaux grâce à la présentation de huit jeunes Québécois fanatiques de musique. Véritable «métaréflexion» sur les métamorphoses sociales engendrées par le Web, le projet reprend largement le vocabulaire des réseaux sociaux (avatars, profils, partage, etc.); comme sur n’importe quel réseau social, l’internaute peut y laisser sa trace, commenter les contenu, afficher son avatar. L’internaute, plus qu’un simple visiteur, y explore et manipule sa propre identité.
Finalement, les œuvres Réminiscence apocryphe et Sacrée montagne interrogent les relations que la société québécoise entretient avec la religion et le sacré. Dans Sacrée montagne, le virtuel s’entremêle au réel à travers une foule de dispositifs: tweets géolocalisés, modification de l’apparence de l’interface en fonction de la météo actuelle, application Foursquare conçu pour les flâneurs, organisation de photomatons extérieurs… Jamais un autre projet de l’ONF n’aura offert autant de formes d’interactivité différentes!