Présentation de la communication
«Si les années quatre-vingt donnent lieu à l'apogée du blockbuster et, par extension, à l'age d'or du cinéma d'action, cette décennie est également marquée par l'émergence d'une nouvelle star qui n'aurait dû jamais exister. Schwarzenegger, avec son accent coupé au couteau, sa stature hors du commun et son jeu figé, n'aurait, logiquement, jamais pu faire carrière au cinéma. Or, aucune logique n'ayant pu dompter les heighties, l'ambitieux autrichien s'est hissé au sommet de Hollywood en devenant l'acteur le plus lucratif de son époque. Alors que le second-degré, les one-liners et la comédie abondaient déjà dans les films d’action et d'aventure des années soixante-dix, ils ont atteint un niveau inédit, et bien plus réflexif avec la star de Terminator.
De film en film, on se rend compte que, avec ce que la nature a bien voulu lui donner, Arnold n'a pas d'autre choix que de continuellement se jouer lui-même. C'est ce qu'ont saisi assez rapidement les réalisateurs et scénaristes qui se sont mis à exploiter ce ridicule dont on ne pouvait s'échapper et qu'il fallait donc adopter. C'est pourquoi ses répliques les plus célèbres demeurent les phrases les plus banales (« I'll be back », « Get to the chopper », etc.) dont la prononciation hasardeuse et le contexte absurde en font le véritable charme. Ce second-degré inévitable a mené à des scénarios ou la figure personnifiée du rêve américain devenait une caricature auto-glorifiée d'elle même, où la dérision et le clin d’œil complice étaient la seule option valable. De là, ce sont les logiques même de la réalité et de l'industrie hollywoodienne qui se sont ébranlés, comme on peut le voir avec Total Recall et The Last Action Hero. Cette communication va tenter d'expliquer en quoi, par son jeu – ou plutôt son non-jeu – Arnold est devenu une des principales influences du cinéma d'action moderne, et comment il a amené le genre à s'auto-analyser, une tendance dont on ne semble pas être départi aujourd'hui.»