Présentation de la communication
Si, comme le dit Lukács, toute forme artistique est la résolution d’une «dissonance existentielle» que l’artiste tente d’exorciser dans l’acte créateur, écrire sur l’Holocauste est un véritable défi à l’irreprésentable qui –pour être mis en œuvre– a besoin d’une forme qui utilise tous les langages capables d’investiguer le spectre implacable d’un traumatisme qui n’a jamais cessé d’agir sur notre présent et qui continue de faire partie des thèmes abordés par la littérature, en particulier dans le cas des littératures dessinées. La représentation de la guerre et surtout de la Shoah est toujours marquée par une relation fluide et instable entre le déplacement et la connaissance, le dicible et l’indicible. Néanmoins depuis quelques temps, les récits de soi et du passé familial envahissent l’espace de l’horizon culturel contemporain d’une façon tout à fait nouvelle. Dans l’espace discursif de la postmodernité il y a beaucoup de genres qui recueillent des récits transgressant les limites entre public et privé. Claudia Cerulo réfléchit l’articulation conflictuelle entre mémoire et oubli à partir de l’analyse de Liebe schaut weg (2008) par Line Hoven et Heimat (2018) par Nora Krug. Il s’agit de deux exemples d’auto-graphics liés à l’expérience traumatique de la prise de conscience du passé nazi qui utilisent une perspective archéologique toute particulière, c’est-à-dire une reconstruction posthume du passé à travers une machinerie matérielle et symbolique des souvenirs (objets, documents et surtout dessins).