La canicule par bouttes
la plupart du temps
il n’y a rien
à dire d’aujourd’hui
quand même tu notes
rue Drouin, des adolescents partagent des Pringles
c’est alors que te reviennent
la plupart du temps
il n’y a rien
à dire d’aujourd’hui
quand même tu notes
rue Drouin, des adolescents partagent des Pringles
c’est alors que te reviennent
rue Sherbrooke
le soleil se brise
sur les tuyaux à enfouir
l’inscription RU12
tu penses au poète qui
malgré la pinte
ne sera pas de sitôt
mis en bière
*
au bout de l’impasse
Darling, tu vois les toits gris
Lantic les flèches
de St-Clément
les grues blanches et leurs charges
menant vers l’est
par petits paquets
Une odeur d’herbe fraîchement coupée accompagne ta déambulation le long de la rue Notre-Dame. La femme qui conduit le tracteur, porte grande ouverte, accuse à peine ta présence. Ici, à quelques rues de l’appartement, les bandes d’asphalte et de verdure suffisent à te faire sentir ailleurs – tu veux dire : loin. Il aurait suffit du passage d’une outarde, au moment de fermer les yeux, pour te retrouver une vingtaine d’années plus tôt dans un champ – sur le plate.
Il nous arrivait d’aller au marché Maisonneuve. On prenait le tramway, puis on revenait à Longueuil… Le poulet ou les gâteaux n’avaient pas le temps de dégeler. Il n’y avait pas de métro à cette époque. On traversait le fleuve en bus ou en tramway. Ce dernier nous laissait devant le marché… (me raconte mon père avant qu’il ne disparaisse lui aussi).
Quel était ce tramway? La ligne 3A (Ste-Catherine), la 5A (Ontario)?
(Crédits photo: Benoit Bordeleau)
O’shagg mon amour
- Graffiti
De plus en plus, le vide t’avale, cher ami; sur tes écorces
disparaissent les signes, plus rien ne s’y lit à présent.
- Claude Paradis
LIMINAIRE
tu sors de l’épicerie
dans ton sac un concombre
trois poitrines de poulet
avocat
poivron
tu te retournes et tu vois
la belle bête perchée
tu la regardes
mais elle ne te regarde pas
*
tu te souviens
de leurs vols de leurs piquées
vers la terre
ils revenaient avec
entre les serres
des mulots des carouges
parfois rien
jusqu’à ce que les buses
les urubus
survolent le plate
*
à la porte bleue des 3607-3609
rue Ontario des paupières closes
se gorgent des rayons du soleil
*
derrière toi une voix chuinte
c'est de même qu'ils ont gagné
comme Al Capone...
avec les taxes pis les impôts
*
sous l’enseigne Sico du Rona
des mains crispées sur des genoux
suivies d’un haut-le-cœur
*
un chien en laisse grelote
sous les mots Commissaire
à l'assermentation
*
Gourmandise et hypocondrie
Le Restaurant Davidson
et ses allures de pneumonie,
complètement vide
parce que pogner la grippe
c’est pas le trip de personne.
J’aurais bien commandé
des «natchos»,
mais la serveuse
est en mode soupe Lipton.
Ketchup mayo chou
Restaurant La Québécoise :
Hot-dog, poutine, coke
et une boîte d’«objects perdus»
qui ne seront jamais réclamés.
Le monde est Sharp à Hochelaga.
Il est vraiment Sharp.
Le monde est Sharp comme dans: coupant, acéré, pointu, vif, brutal, intelligent, beau et raffiné, la barbe blanchie par le froid, le visage vachement masculin.
Le monde est vraiment Sharp à Hochelaga.
(Crédits photo: Benoit Bordeleau)
How happy is the
blameless Vestal's lot! The world
forgetting, by the world forgot:
Eternal sunshine of the spotless mind!
Each prayer accepted, and each wish resign'd
- Alexander Pope
Blessed are the forgetful, for they get the better even of their blunders.
- Nietzsche