Biocosmographie
Définition
Néologisme (du grec bios, la vie, cosmos, l'univers, la totalité et graphein, l'écriture): «La biographie joue un rôle central. On peut suivre une ligne biographique à travers tous mes écrits. A tel point que je parlais à un moment donné de biocosmographie. Il ne s'agit pas de confession. Plutôt de configuration, de conjugaison. Voire d'auto-analyse (analyse en marche, en mouvement), d'auto-poétique», Le champ du grand travail, p. 67.
Citations
«Tracer le chemin biocosmographique allant du moi conditionné au système ouvert, à l'existence ekstatique, n'est guère facile», L'esprit nomade, p. 286.
«En chinois, ce serait quelque chose comme "l'écriture du dragon"», Le poète cosmographe, p. 12.
«C'est cette ligne autobiocosmographique que l'on peut suivre dans mes livres, surtout dans les livres de prose (les waybooks, les livres itinéraires)», Le champ du grand travail, p. 69.
«Et "pensée" n'est peut-être pas le mot de la fin. Une physique poétique... Biocosmographie... Expansion et concentration psycho-cosmique...», Une apocalypse tranquille, p. 35.
Commentaires
Cheminement critique
«Après plusieurs tentatives lexicales à travers les décennies - il aura été question de géopoésie, de biocosmopoésie, de biocosmographie - on arrive assez naturellement à géopoétique, dont le rapport avec le concept de monde est immédiat...», Michèle Duclos, Kenneth White, nomade intellectuel, poète du monde, p. 258. Voir aussi Le monde ouvert de Kenneth White, p. 67, 344.
Référence (voir aussi)
Principales occurences
Une apocalypse tranquille, p. 35; L'esprit nomade, p. 278, 286; Le champ du grand travail, p. 67, 69; Le plateau de l'albatros, p. 51; Le poète cosmographe, p. 12, 160; Autre Sud, n°45, juin 2009, p. 34.
Biocosmopoétique
Définition
Néologisme formé de racines grecques: «Premier mot inventé par White pour rendre au mot "poésie" toute l'énergie, tout le sens qu'elle a perdus dans notre civilisation. A la base, une énergie de vie (bios). Ensuite, le mouvement qui consiste à donner à cette énergie forme, ampleur, cohérence (cosmos). Et enfin, la tentative de dire cet ensemble en mouvement (poétique)», «Lexique géopoétique» dans Poésie 98, octobre, n°74, p. 16.
«Que l'homme soit un animal politique, soit. Mais n'oublions pas l'animal. Et n'oublions pas que celui-ci se situe avant tout, et peut-être après tout, dans le cosmos, dont il essaie de trouver le langage. Il est en un mot, un complexe biocosmopoétique. L'organisation de la polis est nécessaire, mais encore plus nécessaire est le maintien des conditions et de l'espace qui rendent possible une vie biocosmopoétique», Une stratégie paradoxale, p. 239.
Citations
«Il faut à toute culture vivante sa figure du dehors. C'est le poète-penseur tel que je l'envisage. Il ne pense pas en termes humanistes, il pense en termes de bio-cosmo-poétique», Le poète cosmographe, p. 25.
«Voilà un petit concept qui chatouille l'esprit et donne à l'intellect l'envie de danser. C'est dans les terrains comme celui que recouvre ce mot que science et poésie vont se rencontrer», Le poète cosmographe, p. 113.
«Thoreau disait que "le vrai homme de science" connaîtra la nature mieux que les autres, non pas grâce à des techniques, à des méthodes (notre obsession), mais grâce à son "organisation plus fine". Pour Thoreau, la science, c'est à dire la connaissance, impliquait la capacité de sentir, goûter, voir, entendre d'une manière accrue. Pour lui l'homme "le plus scientifique" serait l'homme le plus "sain", l'homme le plus "amical" (c'est à dire capable de sym-pathie au sens fort), il posséderait "une sagesse indienne" plus parfaite. C'est cette augmentation de l'être liée à un assouplissement et à un affinement du discours que j'appelle la biocosmopoétique», Le poète cosmographe, p. 181.
«L'espace (bio-cosmopoétique) du poète est celui du monde entier», Fanal, p. 7.
«La technique de la plus grande jouissance», Le champ du grand travail, p. 90.
«Je cherche obscurément le vrai espace de mon enseignement, qu'il est assez difficile de définir (bio-cosmo-poétique?)», In'hui, p. 57.
Commentaires
Dans une conférence d'hommage à Saint-John Perse, White évoque son intérêt pour cet auteur: «Au fond, c'est dans l'oeuvre ouvrante de Saint-John Perse (plus encore que dans celle de Walt Whitman) que j'ai trouvé les prémisses de ce que j'allais appeler par la suite biocosmopoétique...», «Saint-John Perse: la face en Ouest» dans La République des Lettres, juin 1987.
Ce concept central de la pensée whitienne a préfiguré la notion de géopoétique: «J'ai à peu près abandonné "biocosmopoétique" pour géopoétique: une pensée dense de la terre, une expérience des lieux» (Une stratégie paradoxale, p.146); «Si, plus tard, j'ai transformé biocosmopoétique en géopoétique, c'était pour la brièveté, mais aussi parce que le bio et le cosmo me semblaient impliqués dans le géo», Le champ du grand travail, p. 90; «En employant la syllabe géo, cantonnerais-je la géopoétique dans un contexte géocentrique pré-copernicien? Evidemment pas. En fait, j'ai commencé par employer le terme biocosmopoétique. Mais il était un peu encombrant», Géopoétique et sciences humaines, coll. «Latitudes», n°6, p. 43.
On peut se référer à l’essai: Kenneth White, «Petite introduction à la biocosmopoétique» dans Rivages, p. 101-107.
Référence (voir aussi)
Principales occurences
Atlantica, p. 7; Le chemin des crêtes, p. 32, 87; Le chant du grand pays - Petit programme culturel, p. 17; La figure du dehors, p. 85, 138, 139; Le livre des abîmes et des hauteurs, p. 14; Le champ du grand travail, p. 90; Le lieu et la parole, p. 40; Le monde d'Antonin Artaud, p. 156; Le plateau de l'albatros, p. 91, 197; Le poète cosmographe, p. 10, 25, 113, 130, 141, 181; Une stratégie paradoxale, p. 146, 239; Cosmose, p. 75; Fanal, p. 7; In'hui, p. 57; Géopoétique et sciences humaines, coll. «Latitudes», n°6, p. 43.
Dans L’esprit nomade, White précise: «Cherchant, vers la fin des années soixante-dix, des mots plus précis pour désigner le but de ces recherches "nomadiques" autour de la terre, d'un monde, d'un langage, j'ai pensé (Deligny: "le mot m’est venu") à biocosmographie et à géopoétique», L'esprit nomade, p. 278.