Zen
Définition
«En plus de la vastitude de l'Inde, il y a dans le Zen cette vigueur, cette précision que l'on trouve dans le haïku. Cela ne signifie pas qu'il ne faut plus écrire que des haïkus ou que l'on doit entrer dans un monastère bouddhiste. Je ne suis nullement un "zenifiant". Le Zen a été un merveilleux passage, une grande éclaircie», Le poète cosmographe, p. 80.
Citations
«On vit un monde ouvert avec, éventuellement, des sauts, des bonds. Le zen est plein de ces bonds-là. Cela provoque le rire, le rire du gai savoir», Le poète cosmographe, p. 199.
«Le bouddhisme zen s'efforce de tout réduire (pensée, réflexion, philosophie) au thé et au riz. Ma tendance à moi était de tout réduire au roc et à l'eau», L'ermitage des brumes, p. 62.
«Pour ouvrir un nouveau terrain, je me suis dit de mon côté, il y a longtemps, qu'il fallait déshindouiser le vedanta, désiniser le tao, déjaponiser le zen», L'ermitage des brumes, p. 86.
«Parler d'éros dans un contexte bouddhiste zen peut sembler incongru. En fait, pour la sensation érotique au Japon, il faut remonter à la période prébouddhiste, c'est-à-dire au shinto. J'aimerais en quelque sorte sortir le zen du bouddhisme et le relier à un sol plus primitif...», La figure du dehors, p. 220.
«J'ai commencé par vouloir établir un parallèle entre le bouddhisme et le celtisme, ou plutôt, j'ai voulu marcher à travers le paysage celte à la lumière du zen - ce qui signifie à la fois dézennifier le zen et déceltiser le paysage celte, pour arriver à quelque chose d’inédit, par un processus d’hybridation», La figure du dehors, p. 233.
Commentaires
Cheminement critique
Marie-Luise Latsch, «Kenneth White et la pensée taoïste» dans Kenneth White et la géopoétique, p. 95-109; Michèle Duclos, Kenneth White, nomade intellectuel, poète du monde, p. 168, 204-213; Olivier Delbard, Les lieux de Kenneth White, p. 220; Pierre Jamet, Le local et le global dans l'oeuvre de Kenneth White, p. 469; Nicolas Dupin, «Sur les chemins du vide» dans Le monde ouvert de Kenneth White, p. 70.
Référence (voir aussi)
Principales occurences
Approches du monde blanc, p. 22-23; Une apocalypse tranquille, p. 79, 83-84, 184, 187, 197-201, 220; Les cygnes sauvages, p. 47, 50-51, 56-58, 79, 89; L'ermitage des brumes, p. 62, 79, 86; L'esprit nomade, p. 75; La figure du dehors, p. 96, 160-161, 164-183, 196, 220, 230, 233; Hokusaï ou l'horizon sensible, p. 22, 75, 100, 117; Les limbes incandescents, p. 166; Le lieu et la parole, p. 38, 44, 58; Mahamudra, p. 71, 111; Le monde d'Antonin Artaud, p. 147; Le plateau de l'albatros, p. 94, 115, 223; Le poète cosmographe, p. 21, 80, 150, 199; Une stratégie paradoxale, p. 23, 70, 158, 175, 242; Le visage du vent d'est, p. 28, 271.
White évoque ainsi sa découverte du Zen alors qu’il étudiait en Allemagne: «Là, autre étape décisive, je suis tombé sur un petit livre de Daisetz Suzuki intitulé Le zen et la culture japonaise: cette lecture fut une révélation, car elle me fit découvrir... une transcendance sans transcendance. Je déteste, ou du moins, j’évite, tous ces mots tels que "religion", "sacré", patati patata… Dans le zen, j’ai justement trouvé cette dimension exempte de toute fioriture. Tout était réduit "au thé et au riz", c'est-à-dire à l'ordinaire. Or, pour moi, tout cela doit effectivement être présent d’une manière on ne peut plus ordinaire: nulle insistance, aucune surenchère… Que l’on n’en parle, à la limite, jamais, et surtout que l’on n’aille pas affubler cela de grands mots ni même de grands espoirs. J'aime, au contraire, que la perspective soit presque nihiliste. C'est la raison pour laquelle il m'a fallu peu à peu inventer mon propre vocabulaire afin de parler de cela. J'utiliserai donc des expressions telles que "espace du dehors", "surnihilisme"... J'irais même jusqu'à éviter le mot "zen" qui me semble encore de trop», Filigrane, vol. 2, p. 109.
Voir le chapitre «Randonnées taoïstes» dans Une apocalypse tranquille (p. 197-201) ainsi que les derniers chapitres de La figure du dehors: «Brûler la maison et partir vers l'Orient» (p. 164-183); «Le zen et les oiseaux de Kentigern» (p. 212-234). Se référer aussi à l'article: Kenneth White, «Zen et littérature», Quinzaine littéraire, 16 février 1976.