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Waybook, transcendental travelogue

Définition

De l’anglais, littéralement livre-de-la-voie

 

«Tout en traversant des territoires, à l'horizontale, si je puis dire, ces livres cherchent à découvrir des chemins de culture occultés par l'histoire, des pistes de pensée (un lieu, un moment, peut-être l'occasion, non d'une vague réflexion, mais d'une percée de l'esprit), et des sentiers du sentir, où jaillissent les sensations les plus fraîches possibles: "à chaque pas le vent pur", comme dit le koan zen. Sous le voyage, il y a toujours la voie (waybook - livre de la voie, non seulement livre de voyage) - mais d'une manière discrète», L'ermitage des brumes, p. 79.

 

«Mais quels qu’en soient les sédiments, les dépôts, la géologie, il s’agit bien là, et éminemment, d’un livre-de-la-voie (waybook) tel que j’ai essayé de le définir à plusieurs occasions: autre chose que de la "littérature de voyage", un autre ordre d'écrits, celui des voyageurs de l'esprit, des pèlerins du vide», Les affinités extrêmes, p. 55.

Citations

«C'est cette ligne autobiocosmographique que l'on peut suivre dans mes livres, surtout dans les livres de prose (les waybooks, les livres-itinéraires)», Le champ du grand travail, p. 69.

 

«Tous ces livres-voyages (waybook, en anglais; en allemand Wegbuch), comme j'aime les appeler, afin d'éviter le côté trop solennel et hautement institutionnalisé du mot "initiation", traversent une topographie à la fois réelle et symbolique pour aboutir à cette "complétude" dont parle Hölderlin et qui est présentée la plupart du temps mytho-géographiquement sous des noms comme "Eldorado", "Orient", etc. Le voyage va du moi au soi, de rapports sociopersonnels étroits au grand rapport avec l'univers, c'est un mouvement qui part de l'ignorance et de la confusion pour aller vers une lecture cosmopoétique du monde. Mais plus importante encore que la destination de ces livres est leur méthode. Tout au long du chemin, du déroulement du processus, ils visent à propager le sens de ce qui est ouvert et fluide, ce qui ne se laisse définir en aucune formule», L'esprit nomade, p. 252.

Commentaires

En 2004, White a consacré une conférence à la généalogie du waybook, (Les chemins de la complétude) dans le cadre des XIXème Journées de psychiatrie de Fontrevaud.

Cheminement critique

«Pour Kenneth White, le waybook (livre-itinéraire), est la mise en pratique existentielle et actualisée de "l'idée du voyage zen ou disons du voyage méditatif (tabi: voyager sans but et sans raison)" qui "était de 'se laisser aller avec les feuilles et le vent', de dériver, sans attaches (hoge)". Cela impliquait de vivre dans le fuga (fu: le vent; ga: le beau), c'est à dire avec le sens de la beauté éphémère», Véronique Porteous, «Iconoclasme, espacement, dépouillement» dans Autour de Kenneth White, p. 45. «White pratique le waybook plus qu'il ne discourt sur lui. Le terme lui-même est l'aboutissement de tentatives lexicales telles que livres de "voyage-voyance", "livres de la route", "livres du chemin"... qu'il prend bien soin de distinguer de la littérature occidentale du voyage. Le waybook s'en distingue en ce que la frontière entre le dedans et le dehors est effacée; on se trouve en présence d'une totalité discontinue et dynamique du monde, du "moi-monde", où la notion classique de réalité est remplacée par celle de topologie», Michèle Duclos, Kenneth White, nomade intellectuel, poète du monde, p. 202. Voir aussi Tony Mac Manus, «De la fiction au livre-itinéraire» dans Kenneth White et la géopoétique, p. 39-44; Le monde ouvert de Kenneth White, p. 74-75.

Référence (voir aussi)

Principales occurences

Les affinités extrêmes, p. 55; L'ermitage des brumes, p. 79; L'esprit nomade, p. 252, 264, 266; Le champ du grand travail, p. 69, 71; «Petit album nomade», p. 180; Une stratégie paradoxale, p. 160.

Wild Coal, charbon sauvage

Définition

Littéralement, «charbon sauvage».

 

«Le club des étudiants d’anglais publie son premier livre de poèmes, qu’il intitule Wild Coal ("charbon sauvage" — terme technique désignant le charbon le plus rare, celui qui contient le plus d’énergie, souvenir de ses lectures en géologie)», extrait de la biographie en ligne du site www.kennethwhite.org.

Citations

«C'est à Paris, en 1963 (j'y vivais depuis 1959), que mon premier livre est sorti. C'était une petite édition et il s'intitulait Wild Coal. Pierre Leyris a découvert ce livre et m'a proposé d'y ajouter des essais, au sujet de ma "mythologie personnelle". Le livre est sorti en 1964 au Mercure de France, sous le titre En toute candeur», Le poète cosmographe, p. 94.

Commentaires

Pierre Leyris, éminent traducteur, fait entrer de son vivant le jeune White dans sa collection «Domaine Anglais» du Mercure en publiant en 1964 le recueil En toute candeur. Dans la préface de l'ouvrage, il évoque l'effet que produisit sur lui la lecture de Wild Coal: «L'an dernier, par un geste assez touchant envers leur lecteur, les étudiants de la Sorbonne publiaient en anglais les poèmes de Kenneth White. Dès que j'eus ouvert la plaquette blanche où s'envolait un goéland, mon cœur bondit de joie. Depuis bien des années, aucun poète contemporain, peut-être, n'avait chanté si clair à mon oreille, ni si bien rendu la grâce poignante des choses premières», En toute candeur, p. 9.

Cheminement critique

«Son tout premier livre s'intitule Wild Coal ("Charbon sauvage"). Ce titre n'est pas une simple métaphore poétique. White en donne la définition lui-même: "Le charbon sauvage, c'est un terme technique signifiant le charbon le plus rare, celui qui contient le plus d'énergie (Cosmose, n°10-11, printemps 1980, p. 7). On remarquera la logique dynamique des titres de ses livres: de Wild Coal il passe, quelques années plus tard, à Terre de diamant, du noir au lumineux. On est sorti du tunnel, du souterrain obscur. Mais c'est toujours le même chemin. Et c'est toujours la même matière fondamentale que l'on travaille: le charbon de base est simplement passé à un stade supérieur», Michèle Duclos, Kenneth White, nomade intellectuel, poète du monde, p. 296.

Référence (voir aussi)

Principales occurences

Le poète cosmographe, p. 94; Cosmose, p. 7.