Zoom in sur Dresde

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J’ai toujours détesté les pseudo zooms in qu’on nous présente au cinéma  ou à la télé.  Vous connaissez la scène : un homme (enquêteur de son métier ou journaliste) prend une photographie, qu’elle soit numérique ou analogique. Il remarque un détail intriguant et décide d’agrandir l’image pour mieux comprendre ce qu’il a capté par hasard. L’agrandissement, au lieu de devenir de plus en plus flou, pour l’argentique, ou alors pixellisé pour le numérique, devient au contraire de plus en plus précis. Et c’est bel et bien l’arme du tueur qu’on découvre sous un buisson ou alors une femme qu’on reconnaît sur un chemin.

Au cinéma, je me retiens pour ne pas hurler, lancer mon pop-corn à l’écran et sortir en trombe, criant au scandale. À la maison, je ferme la télé d’un geste impulsif et je m’enfuis râler dans mon bureau, maudissant les réalisateurs idiots de ce monde. Je connais quelques personnes pour qui ce sont les photos qu’on touche du doigt pour signifier le désir ou le deuil qui les irritent au plus haut point – et je les comprends, je partage leur étonnement de voir ce geste mille fois répété; mais moi, ce sont les pseudo zooms in qui me rendent fou. C’est simple, ils défient les lois de la photographie. Une image faite de pixels est… faite de pixels! Et plus on grossit lesdits pixels, plus ils sont apparents. Il n’y a pas plus de détails dans une image agrandie. Au contraire, il y en a moins!!!!! C’est l’enfance de l’art. C’est la même chose avec l’argentique. On rejoint la matière même de la photo.

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La photographie de Dresde affichée sur Gigapixel-Dresden.de montre que de tels zooms in sont maintenant possibles! D’un seul mouvement, on passe d’une vue d’ensemble de Dresde à un détail de la photographie, une fenêtre par exemple, sans aucune perte de résolution. On ne rejoint jamais les pixels, l’image est précise, sans distorsion. Et de ce détail, on peut revenir à la vue d’ensemble de la ville. L’image possède une surprenante densité, comme si on pouvait bel et bien y pénétrer et l’explorer. Elle ne se défait pas sous nos yeux comme nous resserrons notre regard, elle reste entière. Et l’effet est surprenant.

Mais, une telle image est un exploit technique qui requiert d’importantes capacités informatiques. La photographie, selon le site,  « se compose de 1.655 photos en plein format, chacune de 21,4 megapixels pris par un robot en 172 minutes. Un ordinateur avec 16 processeurs et une mémoire centrale de 48 GB a besoin de 94 heures pour transformer 102 GB de données brutes. »

Rien à voir avec une photo d’enquêteur de film policier bas de gamme!

La seule chose qui me désole, c’est que, dorénavant, on pourra me répondre: tu vois, c’est possible de trouver un détail dans une photo…

Je hais quand le réel rejoint la fiction. Il ne me reste plus qu’à aller me trouver une photo que je pourrai toucher du doigt en pensant à l’être aimé.

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Un commentaire

  1. Le 28 juillet 2010 à 13 h 13 min | Permalien

    AMEN!! si ce n’était pas de ce phénomène ça ferait un bout que j,aurais laisser de fanstasmer sur les appareils à 20+ mégapixels.

    Le plus drôle c’est quand je regarde CSI (rarement) des fois ils zooment dans des mirroirs pour voir tel détails ou tel autre détails et ils le font mais à chaque épisodes à chaque fois j’ai un fou rire

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