« Les neuf queues d’Hubert Gariépy » de Rémy Potvin : Q4

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Voici donc, avec la permission de  hum, bon, vous savez qui, la dernière queue. Les autres (cinq, si le décompte est bon), je vous les laisse les découvrir quand le temps sera venu. Oh! suspense, suspends ton vol… Et autres incantations du genre.

On comprendra qu’avec cette quatrième et dernière queue, qui fait suite aux queues du désir et aux queues de la douleur, Hubert amorce sa dernière série, celle des  queues de la mort.

— T’es pas sérieux, quand même ! répond Rémy, qui a eu droit à une version live de l’explication que je viens de vous donner. Les deux amis sont attablés au même bar, d’autres femmes tout aussi remarquables que les précédentes ont envahi l’espace commun, et Hubert ne se retient plus.

— Je te jure.

— Bof ! Au point où je suis rendu, ça ne fait plus de différence, alors raconte. Tes queues me distrairont de ma crise existentielle.

— Cette  queue est la queue avatar.

— À qui ?

— À personne… Avatar, comme les incarnations de Vishnou.

— Une queue virtuelle ?

— En quelque sorte.

— Pour aller baiser sur Second Life ?

— Oui, entre autres, mais pas uniquement. Les mondes virtuels qu’on retrouve dans Internet ne sont qu’une version édulcorée de ce que j’ai en tête. Ma queue avatar permet de baiser dans les univers possibles. Pense au monde des morts, au monde des transformations infinies des anciens Égyptiens ou encore au Bardo de la mort des Tibétains.

— Tu mélanges tout !

— Ma septième, si tu préfères, c’est la queue des soixante douze vierges de l’islam. Tu sais, celles auxquelles tout martyr a droit lorsqu’il consent au sacrifice suprême et qu’il meurt pour son dieu ?

— Tu ne vas tout de même pas croire à ça !

— Pourquoi pas ? De jeunes vierges aux yeux noirs habitant un harem qui me serait exclusivement réservé, ça doit bien mériter une queue, non ? D’autant plus qu’elles ne viennent pas seules, quatre-vingt mille serviteurs les accompagnent.

— C’est totalement immature.

— Peut-être… C’est le principe qui est important et pas le nombre de vierges. Il me faut une queue pour tous ces mondes que le monde actuel ne couvre pas. Les mondes de l’après, de l’avant, de l’au-delà ou de l’en deçà, choisis la direction que tu veux, requièrent une queue spéciale, une queue capable de résister à la dématérialisation du virtuel, de conserver sa rigidité malgré son inactualité.

— Et on la manie comment, cette queue ? À l’aide d’une manette Atari ?

— C’est une idée…

(à suivre)

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