Zoom in sur Dresde: qui l’eût cru?

Un événement inattendu s’est produit hier, quand j’ai fait mon zoom in sur la photo de Dresde, du site Mégapixel-Dreden.de.  Fasciné par cette photographie, présentée à juste titre comme la plus grande photographie jamais prise, j’ai voulu en montrer les extraordinaires qualités.

J’ai eu des difficultés avec l’édition de mon texte. Je voulais insérer une vidéo, une séquence captée à l’aide d’un utilitaire tout simple (ping) qui aurait montré les possibilités de zoom in et de zoom out de la photographie, mais en raison des formats de sauvegarde de la séquence, je n’ai pas été capable de la téléverser. Après cinq tentatives infructueuses, et une perte de temps non négligeable (une heure tout de même!), j’ai dû me rabattre sur trois photographies prises à des degrés de précision différents (du plus large au plus petit), images que j’ai mises au début, au milieu et à la fin de l’entrée (vous pouvez vérifier, c’est juste en dessous).

Je pensais en rester là, heureux de la découverte de cette image et de ses propriétés inattendues (il me semble qu’il y a plus à dire de cette image, de ce qu’elle fait en tant qu’image, mais ce ne sont que des balbutiements… J’y reviendrai sûrement plus tard, quand j’y aurai mûrement pensé). Je pensais en rester là donc, quand je me suis mis à regarder la dernière photographie, le gros plan de la fenêtre de l’édifice au toit rouge et à la façade couleur crème. J’avais resserré l’image sur la fenêtre et l’échelle de secours, et en examinant la vitre, j’ai aperçu une étrange réflexion. Il y avait comme une présence sur la photo. Quelque chose avait été saisi par l’objectif de la caméra qui ne devait pas s’y trouver.  Une présence. Mais de quoi?

dresde-tordu-1

Je me suis approché d’avantage, et c’est à ce moment que j’ai aperçu la chose. Je ne sais quel autre terme utiliser. L’image ne ment pas, du moins à ce niveau de précision. À première vue, je me suis raisonné en me disant que c’est une cagoule. Un homme en cagoule observe de sa fenêtre une scène que je ne peux pas voir (on se croirait dans Millenium de Stieg Larsson).  J’ai tenté d’écrire au photographe pour lui demander s’il avait aperçu cette présence à la fenêtre de l’édifice, mais je me suis dégonflé. Je me suis demandé s’il ne fallait pas appeler plutôt la police de Dresde, mais l’homme à la cagoule avait dû avoir le temps de quitter son poste d’observation. Peut-être de toute façon n’avait-il fait rien de mal? Sa cagoule pouvait être en caoutchouc, de celles utilisées lors  d’ébats sados-masos.

Je me serais contenté d’avoir découvert cette présence inattendue dans une fenêtre anonyme d’une ville que je ne connais pas, si je n’avais procédé à un ultime agrandissement.  Mon dos s’est subitement glacé. La figure qui avait été subrepticement captée par l’œil acéré de la caméra n’était pas celle d’un homme recouvert d’une cagoule, mais d’un être, comment dire, d’un être, oui d’un être d’une autre origine, plutôt reptilienne de prime abord, au visage étendu, aux yeux, comment dire, exorbitants, version tortue géante, d’un être donc, lâchons le mot, extraterrestre.

dresde-tordu-2

Je ne peux croire que j’ai écrit ce mot, moi, un écrivain patenté peu enclin aux débordements imaginaires (ouais, bon ça va, un petit mensonge une fois de temps en temps ne peut pas nuire). Mais cette image m’a glacé les veines. Cette forme alienesque m’a rendu tout chose, rabattu au rang d’un enfant sans défense. Ce sont des yeux exorbitants, une bouche aplatie, un nez effacé que j’ai vus à la fenêtre de cette immeuble de Dresde. Je ne l’ai pas inventé. Je vous laisse la photo en guise de témoignage irréfutable.

Voilà où j’en suis. Le zoom in a déjoué mes attentes.  L’image m’a révélé quelque chose que je ne voulais pas voir, quelque chose qui ne répondait pas à mes attentes, quelque chose qui m’envoûte, si l’envoûtement s’applique aussi aux choses qui nous effraient.

Où est Lovecraft quand on a besoin de lui? Sûrement tapi dans une photographie de Dresde…

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Un commentaire

  1. Laudreyamont
    Le 28 juin 2010 à 16 h 22 min | Permalien

    Travailler sur la figure me rend prosaïque. Je ne vois qu’un chandail, suspendu à un cintre, qui sèche. Il est peut-être imbibé de sang, mais il faudrait zoomer encore pour s’en assurer…

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