L’abattement des épinettes

Centre de foresterie des Laurentides

Les épinettes dans mon bois sont une source d’inquiétude.

Elles tombent à chaque gros coup de vent. J’en ai vu deux s’écraser dans la forêt, l’hiver passé. De mes yeux vus. Les arbres des alentours ont tremblé, leur feuillage a été vivement secoué. En les voyant s’écraser, j’ai tout de suite pensé aux films d’horreur, où la première manifestation du monstre passe par des signes et des présages. Des feuillus sont secoués, des arbres sont déracinés. Les troncs s’écartent et…

Ce qui m’effraie n’a rien à voir avec une production hollywoodienne et tout avec le vieillissement. Lire le reste de cet article »

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Le canard-lapin

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Musement (à la William Gass)

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Un gant de cuir noir près de la fenêtre.
Une brosse à cheveux nacrée sur la commode.
Une boucle d’oreille en forme d’obélisque inversé au pied de la table à dessin.
Un bâton de rouge à lèvres laissé près d’un pot de peinture.
Une botte à talon aiguille étendue de tout son long au pied du lit.

Pourquoi faut-il que ces objets me parlent plus que les plus éthérés poèmes modernistes? Ils ne font pas que témoigner de mon désir, ils le suscitent et en attisent le feu. Ce ne sont pas de simples choses, ce sont des signes, plus légers que des spectres, et d’autant plus chargés de sens qu’ils ont été portés par un être désiré.

Je les reçois comme la promesse d’une jouissance que le commun des mortels ne peut connaître, sauf peut-être à l’approche de la mort, quand l’esprit commence à se dissoudre et que le théâtre intérieur de la conscience se meuble de fantasmagories et de phasmes plus minces encore que les branches du rosier au printemps. Lire le reste de cet article »

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6 janvier 1946

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Le Modulor de Le Corbusier

(une version antérieure de ce texte a paru dans Les failles de l’Amérique, 2005. Je le reprends dans le cadre du projet de Calendrier imaginaire)

Le Corbusier est monté à bord du Vernon-S.-Hood.

Nous sommes en 1946, et Le Corbusier traverse l’Atlantique. Dans une cabine nauséabonde, l’architecte travaille sans relâche à dessiner la figure de l’Homme-à-la-main-levée et à poser les jalons du Modulor.

Il se rend aux États-Unis, à l’occasion de la construction du siège de l’Organisation des Nations Unies. À cette époque, il n’a pas encore résolu le problème du son échelle de mesures, censée réconcilier le système impérial anglais et le métrique français. Un problème bien posé, répète-t-il à ses stagiaires, trouve toujours sa solution. Il n’en est pas encore là, les mathématiques se rebellent. Il bûche sur ses carrés et ses chiffres.

Le Corbusier s’est embarqué sur le Vernon-S.-Hood, un cargo à destination de New York, à la mi-décembre. La traversée dure dix-neuf jours. Dix-neuf, plutôt que les six ou sept prévus par la compagnie. Une tempête épouvantable a secoé le navire les six premiers jours, et les treize autres se déroulent sur une mer agitée qui retarde la progression du cargo et transforme la traversée de l’Atlantique en un interminable cauchemar.

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Les nombres des Failles

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Les Failles de l’Amérique, mon roman de 2005, joue sur les séries et les échelles: les tueurs en série, les tremblements de terre, et plus précisément le séisme de Santa Cruz de 1989, les séries de Fibonacci et le nombre d’or, tels qu’ils apparaissent dans l’établissement du Modulor, le système de mesure utopique développé par Le Corbusier, la multiplication des entrées d’un journal, etc. J’ai voulu aussi que la forme du roman reprenne cette logique de la série.

Au début des huit chapitres des Failles, on trouve une fenêtre d’information Macintosh (fenêtre du système d’exploitation de 1988) fournissant les données numériques du texte. Comme le roman est constitué des entrées du journal que le narrateur, Thomas Cusson, rédige sur son ordinateur, chacun des chapitres représente un document Word et comporte un nombre précis de caractères et d’espaces.

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Le son du trombone qui tombe. Lecture et imaginaire

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(Cet article a paru dans un collectif intitulé Lecture, rêve, hypertexte. Liber amirocum Christian Vandendorpe, sous la direction de Rainier Grutman et Christian Milat, Ottawa, Les éditions David, 2009, p. 69-79. Le texte avait été initialement présenté dans le cadre du colloque « Le divers de l’événement de lecture« , à l’AFCAS, Trois-Rivières, mai 2007.)


À quoi ressemble un événement en lecture? Quand sait-on avoir aperçu quelque chose? À quel moment une perception devient-elle un fait, une présence? Un fait sur lequel se construit une interprétation et ultimement une lecture?
La lecture est une expérience, tout aussi dense que notre expérience du monde. Elle engage tous nos sens et notre capacité à percevoir, à imaginer et à rendre signifiant ces signes par lesquels un texte se laisse connaître. Elle implique que nous ayons la capacité à nous figurer des choses, à transformer l’absence en signe, en des entités complexes qui s’imposent à notre esprit.  Comme le dit Richard Kearney,  dans Poétique du possible, « Exister, c’est figurer. Tout ce qui existe pour nous dans notre monde, que ce soit une chose ou une personne que l’on perçoit/imagine/signifie ou une œuvre ou une action que l’on fait, tout ceci est figuré par nous. » (Kearney, 1984 : 48)
Un fait de lecture, comme un événement dans le monde, c’est donc toujours un fait que nous avons figuré, un fait dont nous avons établi la présence et la forme, à partir de nos filtres et de nos interprétants, et que nous avons projeté sur la scène de nos propres croyances et convictions. Lire le reste de cet article »

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Le diable est dans les cordes

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(Le 10e Symposium international d’art in situ de la Fondation Derouin accueillait à l’été 2009 onze artistes issus de Cuba, des États-Unis, du Québec et du reste du Canada. Ils étaient invités à concevoir dans les Jardins du Précambrien des œuvres sous le thème des « Chemins et tracés ». À l’instigation de l’atelier de géopoétique La traversée, j’ai accepté de décrire l’une de ces œuvres. J’ai choisi Castillos en el aire du cubain Duvier del Dago Fernández.)

Première observation:

Je marche en forêt sur l’un des sentiers des Jardins du Précambrien. La pluie s’est enfin calmée. Tout l’été elle ne cessera de me compliquer la vie, créant des rigoles dans le sous-sol, favorisant l’apparition de plaques de mousse sur le toit, retardant le moment où je pourrai faucher les grandes herbes au fond du terrain. Mais là, en cet après-midi du 18 juillet, elle laisse place à un soleil timide, et je m’aventure en forêt. Julien Gracq en serait fier.

Le sentier serpente entre les rochers et les rus et je découvre après de nombreux ambages une œuvre faite uniquement de cordes blanches tendues entre les arbres et enroulées autour de leurs troncs. Selon les points de vue, elle ressemble à un pont suspendu, à des vagues qui déferlent, à l’armature d’une structure architecturale, à un immense piège à souvenirs, comme un capteur de rêves amérindien, à une toile d’araignée, faite pour immobiliser des oiseaux ou des bipèdes insouciants, à un parachute dont il ne resterait plus que les cordes, la toile ayant été emportée par le vent et la pluie, à des fils électriques réunis en grappe à l’approche des pylônes, à un labyrinthe aussi, un dédale de nylon, un peu à la manière du labyrinthe que Fernando Arrabal avait imaginé dans une de ses pièces, c’est-à-dire un labyrinthe de draps suspendus à des cordes à linge, où les personnages se perdaient tout aussi assurément que dans celui de Cnossos. Mais à la différence des labyrinthes, qui se veulent inextricables, celui-ci rend l’espace qu’il occupe impénétrable. On ne peut pas y circuler, l’espace est en quelque sorte confisqué. On n’y entre pas, on en fait le tour. On l’examine de l’extérieur. On en prend la mesure, mais on ne peut en expérimenter de l’intérieur le réseau.

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Note envoyée à une amie IX (2 variations)

Hommage brésilien à la petite vie.

Viviane et le pâté chinois (à Euclides da Cunha dans le sertao)

Viviane et le pâté chinois (à Euclides da Cunha dans le sertao)

Fatima et le pâté chinois (à Euclides da Cunha dans le sertao)

Fatima et le pâté chinois (à Euclides da Cunha dans le sertao)

Sur ces images idylliques se clôt la série des notes envoyées à une amie restée à Montréal.

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Note envoyée à une amie VIII


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Oh! Le beau Noël...

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Note envoyée à une amie VII (zoom in)

Pour un resserrement progressif du plaisir…

Le marché de Recife à l'heure du lunch

Le marché de Recife à l'heure du lunch

J'aime regarder où je mets les pieds, surtout dans les marchés.

J'aime regarder où je mets les pieds, surtout dans les marchés.

J'aime regarder où le stupre se loge (détail)

J'aime regarder où je mets les pieds, surtout dans les marchés (détail).

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