Rien, quand on y réfléchit, ne peut inciter à vouloir être le premier dans une course de chevaux.
Kafka
Je m’appelle Robert G. Reid et je ne touche plus à rien. Je vis dans le noir. Le noir le plus complet. Le noir des yeux fermés. Le noir noir. J’avais trois fenêtres et elles sont condamnées. Je l’ai fait moi-même. Avec de la planche et du papier journal. Je m’entretiens avec Teth, elle me raconte des choses. Mes bibliothèques sont vides. Sauf pour un vieux dictionnaire.
Je vis dans un demi sous-sol. Mon appartement a la forme d’une lettre de l’alphabet. Je ne réponds plus à la porte. Au début, on sonnait aux deux heures. Maintenant, des semaines entières passent sans la moindre interruption. J’ai des vivres pour les prochains mois.
Teth a le don des langues. Je ne vois jamais ses lèvres remuer, mais j’entends tout. Elle me parle avec ses yeux. Ils sont disciplinés. Je ne sors plus. Teth le fait pour moi; elle m’alimente en rumeurs.
Je suis essoufflé.
Teth est menue. Je la serre dans mes bras, pour m’endormir. Elle me dit des mots de réconfort. Je m’assoupis. Mes rêves ne sont guère agréables. Teth le sait et elle veille. Elle est mon bouclier. Quand j’ouvre les yeux, je vois les siens, brillants, qui percent mes peurs. Je ne lirai plus jamais.
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