La main, le souffle
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  • mai6th

    Je suis femme, rêve d’être enceinte, mais si une grossesse inattendue me surprenait, je sais que j’aurais le choix de mettre ou non au monde cet enfant, parce que des femmes se sont battues avant moi pour que je demeure la seule “propriétaire” de mon corps, n’en déplaise aux Conservateurs.

    J’oublie parfois, en allant voter, les sacrifices qui ont été faits par des générations pour que les Québécois, puis les femmes, aient le droit de vote. Mais chaque X tracé dans un isoloir est un geste fort des possibles.

    Vous trouverez peut-être que je compare des poires et de ciseaux. Mais il me semble que l’accessibilité aux études, c’est un peu comme le droit de vote ou le droit à l’avortement: on peut ne pas en vouloir pour soi, on peut avoir envie d’oublier à quel point les luttes pour obtenir ces droits ont été difficiles, il reste que porter atteinte à l’un ou à l’autre, c’est porter un coup fatal à la liberté de choix.

    Soyez pour ou contre la hausse. Mais n’oubliez pas ceci: quand vient le moment de choisir entre étudier ou non, ce qui compte, c’est justement d’avoir le choix. Il n’y a pas de sots métiers. J’ai été aussi fière de mon frère mécanicien, de ma belle-soeur secrétaire, de ma mère infirmière que de mes propres études. Parce que tous, nous avons eu le choix de la carrière que nous voulions, et qui correspondait le  mieux à ce que nous étions et voulions faire. Nous avons eu, à 15, 16, 20 ans, à faire ce choix vertigineux de notre avenir, et nous avons eu le choix des études qui nous voulions et étions prêts à faire. Le choix.

    Et c’est ce choix qu’il s’agit de préserver pour mon neveu, les enfants de mes cousins, et mes enfants à venir.

  • mai4th

    La mort me poursuit. Elle se retrouve toujours au centre. Elle se dessine derrière ce que je fais. Elle travaille, me travaille, me force à aller plus loin, à descendre dans un espace d’après les mots.

    Que dit-on quand s’éteint le regard de quelqu’un qu’on aime?

    Il n’y a rien à dire.

    On ne sait pas, au début, que c’est cela qui arrive. Ce pourrait être un moment comme les autres d’une agonie douce. Ce pourrait n’être que le sommeil qui guette. Alors on reste là, à tenir, flatter la main de celle qu’on aime depuis toujours. Son amour nous porte, depuis longtemps, sa force tranquille nous inspire. Alors on ne bouge pas, concentrée sur cet espace où nos regards se rejoignent, sans savoir si elle nous voit vraiment.

    Quand soudain on comprend que c’est en train d’arriver, on reste là, un sourire aux lèvres pendant que les larmes coulent malgré soi, avec cette tristesse, cet amour, unis sur son visage, pour que la personne qui part sache qu’elle peut le faire. Qu’on l’accompagnera, qu’on la laissera partir, qu’on la remercie d’exister, qu’on lui promet que ça ira.

    Ne pas détourner les yeux. Surtout, ne pas faillir à ce qui nous est demandé avec douceur : accompagner, c’est aussi cela, laisser partir, sourire de tristesse, savoir que ce n’est pas du courage, seulement de l’amour.