À quel moment les images des tours en flammes s’effaceront-elles de nos esprits? à quel moment cesserons-nous, devant un gratte-ciel, d’envisager la possibilité de sa chute? Suis-je seule, depuis le 11 septembre 2001, à ne plus croire à cette « éternité » qu’on a longtemps associée à l’architecture, ces traces qu’on retrouve parfois longtemps après la disparition des peuples qui ont pensé, construit et habité un espace?
Si les temps actuels nous apprennent quelque chose, c’est peut-être que les vieux dictons ne tiennent pas la route: les écrits restent, certes, mais plus sous leur forme papier. Et les gratte-ciels, eux, peuvent disparaître, rapidement, en quelques minutes. Je suis sûre que Minoru Yamasaki, cet architecte qui a pensé et construit les tours de New York, ne pensais pas qu’elles disparaîtraient aussi rapidement, en moins de 30 ans. Il imaginait sûrement laisser sa trace sur la ville, longtemps après sa mort.
J’envie les Anciens, ceux dont on explore les ruines dans les déserts d’Égypte et d’Afrique. Leurs moyens étaient certes plus limités que les nôtres, mais leur travail d’artisan, lui, a dépassé les attentes. Et les attentats.
Bref. Ce long préambule nait d’une question simple: à quel moment les images des attentats cèdent-ils le pas, dans nos esprits? La firme néerlandaise MVRDV vient de dévoiler un rendu pour « The Cloud », 2 tours résidentielles qui seront construites à Seoul. Les deux tours, aux formes géométriques simples et proches des tours du World Trade Center, présente toutefois, au trois quart de leur hauteur, « le nuage » à proprement parler, qui vient les unir et qui sera un espace atrium. C’est beau. Intéressant. Mais cela rappelle, résolument et sans aucun doute (au moins dans mon esprit), les tours en feu, voire plus précisément les explosions mêmes: cette boule de feu qui a envahi la surface de la tour, transformant les lignes dures en leur ajoutant cette sphère aux contours changeants.