gracieuseté de TOAD
(à Frances et Andrée)
gracieuseté de TOAD
(à Frances et Andrée)
Le Lower Manhattan Project s’intéresse aux usages et aux procédés de fictionnalisation et de mythification des attentats du 11 septembre 2001, en littérature et au cinéma. L’un des enjeux de cette recherche est de comprendre les fonctions narratives des attentats. Sont-ils, par exemple, un horizon? Un futur inéluctable? De nombreux romans et films se terminent sur les attentats, comme s’ils étaient la conséquence ultime et nécessaire du récit (John Updike, Spike Lee, etc.). Sont-ils plutôt un point de départ? D’autres fictions se déploient en effet à partir des attentats et de leurs impacts sur la vie des personnages (Don DeLillo, Lynne Sharon Schwartz). Une présence sourde? Un roman comme celui de Jonathan Lethem, Chronic City, mentionne un trou situé de manière vague dans « the lower part of the island » et associé à un brouillard. Un motif réutilisable? Des récits exploitent les transports en commun comme arme de destruction, etc.
Palindromes, film de Todd Solondz de 2005, offre une version inédite de l’utilisation des attentats : celle d’une destinée toute faite, prête à être utilisée. Un tel usage renforce la signification des attentats comme mythe d’origine.
Voici donc, avec la permission de hum, bon, vous savez qui, la dernière queue. Les autres (cinq, si le décompte est bon), je vous les laisse les découvrir quand le temps sera venu. Oh! suspense, suspends ton vol… Et autres incantations du genre.
On comprendra qu’avec cette quatrième et dernière queue, qui fait suite aux queues du désir et aux queues de la douleur, Hubert amorce sa dernière série, celle des queues de la mort.
— T’es pas sérieux, quand même ! répond Rémy, qui a eu droit à une version live de l’explication que je viens de vous donner. Les deux amis sont attablés au même bar, d’autres femmes tout aussi remarquables que les précédentes ont envahi l’espace commun, et Hubert ne se retient plus.
Voici maintenant la troisième des neuf queues d’Hubert Gariépy, telle que rédigées par Rémy Potvin (texte reproduit de plus en plus avec la permission de l’auteur). Je me permets, à ce sujet, de faire remarquer à mes lecteurs que je ne suis ici que le messager. Ce sont les textes de Rémy que je publie, et non une quelconque élucubration de ma part. Je ne suis pas en train de perdre ou de m’enfler la tête, je rends service. Ce n’est pas la même chose.
Or donc, attablés devant des Black and Tan et des verres de Glenmorangie, Hubert et Rémy regardent la faune locale. Toutes ces femmes et une seule queue, oui. Décidément, c’est une manie.
Hubert reprend son énumération.
Je sais que tout ceci est mêlant, mais voici donc la deuxième queue d’Hubert Gariépy, qui est dans les faits sa troisième (si je me fie au texte de Rémy Potvin que je remercie à l’avance pour sa précieuse collaboration). Je trouvais que la deuxième manquait un peu de, comment dire de, enfin de, bon, je fais mieux de me taire. Après, juste pour vous avertir, ce sera la quatrième et la sixième.
Hubert et Rémy sont toujours au même bar, l’île noire, ils éclusent les bières comme dans un polar de San Antonio (qu’est-ce qu’il vient faire là, lui ?). Une autre femme remarquable passe tout près de leur table et Hubert reprend de plus belle son énumération.
— La troisième queue, reprend Hubert après une brève hésitation, c’est la queue de rechange.
— Comme un pneu ?
— En quelque sorte. C’est une queue de reprise.
— La première a une crevaison et on la remplace par une queue de secours ?
— Tu ridiculises tout.
— On dirait que tu cours après !
Tel que promis (lors de la dernière entrée), voici la première des neuf queues d’Hubert Gariépy, telle que rédigée par Rémy Potvin (reproduit vraisemblablement avec la permission de l’auteur).
Imaginez, histoire de planter le décor, l’auteur, Rémy et son ami, Hubert, assis au bar de l’île noire (je ne sais pas s’il s’agit de l’ancien local sur la rue Ontario ou du nouveau sur la rue Saint-Denis ; disons, pour trancher, l’ancien). Le bar est bondé, Hubert remarque une femme… remarquable, et déclare, de son rire rabelaisien, « Toutes ces femmes, et une seule queue ! » Ce à quoi répond Rémy : « Que ferais-tu si tu en avais neuf au lieu d’une seule ? Neuf queues ? » Hubert ne répond pas immédiatement, il laisse filer quelques pintes qui descendent comme du sable, puis entreprend de décliner ses neufs queues.
Ça sonnait à la porte.
Je m’attends à tout, quand on sonne à la porte. Suspense, fonction pivot, moment de risque du récit. (Un structuraliste sommeille en moi et se manifeste dès que mon attention faiblit.) Il y a beaucoup de témoins de Jéhovah qui arpentent les rues de Villeray. J’ai une migraine, je ne sais pas si je vous l’ai dit. Ce sont aussi parfois des mendiants qui font du porte-à-porte en prétextant une maladie intestinale subite. Le reste du temps, ce sont des vendeurs du temple, aiguiseurs de couteaux, agents d’assurances, trafiquants de biscuits pour les scouts, et c’est à peine si je me donne la peine d’ouvrir. Deux « peine » en une seule phrase, c’est beaucoup. J’entends mon pouls dans mon oreille gauche, ça me donne le cafard. Et ça me ruine le style.
Quand on a sonné, j’étais à mon bureau en train de transcrire une longue citation trouvée dans un livre sur l’idiotie. J’ai de ces sujets de préoccupations, je ne vous dis pas. Je ne vous le dis pas.
Un livre-livre à la Louise Paillé. Une œuvre de TOAD, réalisée dans le cadre de ses recherches en ART FLIPP!
Un croisement de Méthode pratique de développement du charme personnel et de La ressemblance par contact de Georges Didi-Huberman.
Je ne peux plus y résister. Il me faut à tout prix vous transmettre une petite découverte que nous avons faite à Figura.
Je travaillais à la fin du printemps sur l’avant-dernier roman de Bret Easton Ellis, Lunar Park, pour un colloque qui aura lieu au mois de septembre 2010, quand Audrey à qui j’avais demandé de me trouver quelques trucs, est arrivée avec cet étrange cas de ressemblance. Bret Easton Ellis est le sosie d’Orson Welles.
Sur le coup, je ne l’ai pas crue. J’avais en tête le vieux Orson, avec sa cape et sa barbe grise. J’étais sceptique. Mais une recherche rapide sur Google, section images, a vite fait de me remettre dans le droit chemin. Audrey avait raison. Plus surprenant encore, c’est de mémoire qu’elle avait fait le lien… Depuis je cherche à trouver une explication. Ou alors une utilisation quelconque. Il doit bien y avoir quelque chose à faire avec cette coïncidence! Je ne sais pas encore quoi, mais ça viendra. Entretemps, je vous livre mes pièces à conviction.
La ressemblance, vous le verrez, est frappante.
Les photos de droite sont de l’ourson en personne, Orson Welles, et celles de gauche, de mon abeille favorite, Bret Easton Ellis (bee, pour les intimes).
Avouez que c’est saisissant. Et ce n’est pas sur une seule photo. Le jeune Bret Easton Ellis ressemble au jeune Orson Welles.
C’est à se demander quels liens les réunissent (ce qui va tout à fait dans le sens de Lunar Park, où Patrick Bateman revient hanter Easton Ellis, devenu son propre personnage romanesque).
Je sais, cela ressemble à un mauvais épisode de « Séparés à la naissance ». Si ce n’était qu’une ressemblance superficielle, je n’en dirais pas plus, mais sur le plan de la forme et des intérêts littéraires, il y a aussi une certaine convergence, dont un goût pour les supercheries et les jeux savants sur les rapports entre le réel et l’imaginaire. disons que ça laisse songeur.