La main, le souffle

juin8th

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Il dort. C’est la seule chose qu’il fait: dormir. Il n’est pas comme les autres qui, le matin, en se rendant au travail, sommeillent et sursautent à chaque station. Lui, appelons-le Itzak, dort, profondément. Il s’abandonne au sommeil, ne fait même pas semblant de résister. Itzak dort comme s’il avait passé la nuit à danser et à boire, il dort comme s’il avait dû rester au chevet de ses enfants, il dort comme s’il n’avait pas encore fini de grandir et était tout simplement épuisé d’exister.

Il s’éveille, puis se rendort, aussi profondément. Ses tentatives pour se redresser ne le mènent nulle part, Itzak n’a aucune chance de vaincre le sommeil ce matin. La résistance est futile. Aussi ne résiste-t-il pas.

Je décide de lui inventer un long voyage, toute la nuit, un voyage pour se rendre à ce matin, au premier jour de son nouvel emploi. Je l’imagine trop fatigué pour découvrir la ville, pour écouter la musique de la voix enregistrée qui, dans le métro, l’informe soudainement qu’il a atteint le terminus. Mais Itzak se lève, j’imaginais presque qu’il resterait là, dormirait encore un peu, mais il se lève, ramasse son attaché-case, redresse sa kippa, essuie le filet de bave qui a coulé sur son visage, et sort du métro.

Sleeping on the E Train

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