Conclusion

Tout compte fait, cette traversée de la bande dessinée ne nous a permis d’en tracer qu’une cartographie sommaire. De Groensteen, nous avons retenu avant tout le vocabulaire spatio-topique, sans doute un des plus synthétiques et cohérents pour décrire l’architecture physique de la page de bande dessinée. La question de la mise en page, si elle a laissé plusieurs questions en suspens, a permis de cibler des concepts qui serviront mieux le corpus de Chris Ware. Scott McCloud nous a ensuite offert un modèle pour décrire les styles de dessin en bande dessinée; modèle qui ne prend tout son sens qu’une fois projeté dans l’appareil narratif, qui le surdétermine. À ce sujet, Groensteen, nous a fourni les concepts d’énonçable, de descriptible et d’interprétable. Ce dernier a ouvert la voie à une réflexion sur le tressage qui, chez Ware, s’avérera une notion-clé pour faire le lien entre les figures architecturales (maisons, immeubles) et l’espace de la page, du livre. Naturellement, ce florilège de notions laisse plusieurs questions majeures en plan, soit parce qu’elles sont déjà implicitement admises dans l’analyse de bande dessinée1, soit parce qu’elles s’avèrent trop spécifiques pour le présent travail2. Notre traversée, en plus de définir des outils d’analyse, a également voulu cerner un horizon de pensée théorique, préconisant une sémiotique pragmatique – à défaut d’être systématique –  axée sur l’expérience de lecture.

  • 1. Pensons aux fonctions du verbal qui, bien qu’elles aient été affinées par Groensteen (S1, 150-159), accompagnent sans trop de contradictions l’étude de bande dessinée depuis Pierre Fresnault-Deruelle.
  • 2. Par exemple, Groensteen s’intéresse aux utilisations de la marge, de la bulle et de l’espace intericonique.